Coup d'oeil sur l'Asie

dimanche 2 novembre 2008

De retour en chine, sur mes propres traces… et celles des autres

Le “welcome back”

On prend les mêmes et on recommence : comme l’hiver dernier, mon blog ne m’était pas accessible durant ces 2 derniers mois. L’œil de Pékin veille toujours et la censure perdure sur le net chinois (comme sur tous les autres réseaux de communication d’ailleurs !!).
Donc c’est depuis le Népal, où je suis arrivée hier, que je rédige ce post.
Cependant pour une meilleure compréhension du lecteur, je vais tout reprendre dans l’ordre chronologique.

Attention !! Ménagez vos mirettes et mettez vos lunettes : 8 semaines de crapahutage en Chine, ça fait pas mal de pages (et en l’occurrence me promet de belles courbatures aux mains..). Alors vous êtes prêts ? C’est parti….

J’ai quitté Bangkok le 19 Aout sur un vol d’Air Asia, direction Shenzhen, dans la région chinoise du Guandong.
Air Asia, c’est la compagnie low cost Thai, bien connue en Asie du Sud Est pour sa fiabilité et ses tarifs défiants toute concurrence (exemple : Bangkok / Shenzhen en aller simple, 36 euros TTC !!). Alors tout ça c’est très bien, j’étais contente de mon organisation… Sauf qu’au moment d’embarquer, j’ai du payer 25 euros de surpoids, une vrai fortune (eh oui… ils n’autorisent que 15kg de bagages en soute et 5 kilos en cabine) et pour couronner le tout, 20 euros de dépassement de séjour autorisé.
Qui a dit que les français pouvaient passer 30 jours en Thaïlande sans avoir besoin de visa ? Tout le monde !! Et bien sachez-le, le séjour sans visa c’est 28 jours !! Au-delà, l’amende est de 10 euros par jour (alors que le visa de 30 jours pour les non européens coute 20 euros !!)

Enfin bref, c’est bel et bien ruinée que je suis arrivée en Chine…
Ah, j’ai faillit oublier, je n’étais pas seule… Marjolaine, une française qui m’avait hébergé à Phnom Penh 2 mois plus tôt, m’avait rejoint à Bangkok dans le but de m’accompagner pendant une 10aine de jours sur les traces des moso.

Nous voilà donc toutes les deux arrivées à Shenzhen au beau milieu de la nuit. On avait réservé une chambre dans une auberge de jeunesse, et on a sombré dans un sommeil profond à peine installées. Le lendemain la course de fond a démarrée : il nous fallait quitter Shenzhen au plus vite pour Kunming, avant de rejoindre Lijiang et enfin le lac Lugu, où je devais impérativement être au plus tard le 23 pour un tournage le 25 aout.
Sachant qu’il y a plusieurs milliers de kilomètres entre notre point de départ et notre destination, on était quand même un peu dans l’urgence…

On a donc pris un vol Shenzhen / Kunming le jour même. Arrivées à Kunming vers 18h, on a enchainé sur un bus de nuit pour Lijiang. On est arrivé tôt le matin et on a repris un bus pour Lugu Hu (7 heures de trajets qui m’on semblées interminables..).
On était à Lige le 21 au soir, sur les rotules, mais avec suffisamment de temps devant nous pour se reposer avant la grande cérémonie annuelle de la communauté moso. Parfait !! Cette fois au moins mon organisation était au point !!

Je dois préciser ici, que si j’ai intitulé ce chapitre le “welcome back”, c’est parce que ces 3 premiers jours en Chine n’ont pas été de tout repos : en plus de la fatigue accumulée du voyage express entre Bangkok et Lugu Hu, on a du faire face, Marjolaine et moi (enfin surtout moi) à quelques désagréments…

Tout d’abord, lorsqu’on a pris le bus pour quitter l’aéroport de Shenzhen, la receveuse et les passagers à qui on avait demandé notre chemin ne s’accordaient pas quant à l’arrêt auquel on devait descendre. On a choisit de faire confiance à la receveuse, et on a eu tord.. Du coup on a du prendre un taxi depuis l’arrêt de bus auquel on est descendues pour rejoindre l’hôtel, et le pauvre chauffeur a mis 2 heures pour trouver l’adresse. J’ai vraiment cru qu’on n’y arriverait jamais. Ce n’était pas bien grave, mais du coup le lendemain on a pris un taxi pour retourner à l’aéroport !!

Arrivées à Kunming, on a encore pris un taxi pour rejoindre la gare routière depuis l’aéroport. En sortant du véhicule, j’ai bousculé (et encore, c’est là un bien grand mot, le terme correcte serait plutôt « frôlé ») par mégarde un type qui voulait passer avec une moto hyper chargée entre le taxi stationné et le trottoir. Le type à basculé avec sa mobylette du fait du poids de sa charge et s’est retrouvé étalé par terre. Il s’est relevé, a ramassé un bout de plastique qui avait sauté de son guidon, m’a montré son bas de pantalon couvert de poussière et a commencé à hurler !! Il m’a agrippé le bras et a décidé de ne plus me lâcher…
Un attroupement a commencé à se former alors que Marjolaine déchargeait le coffre avec le chauffeur du taxi. J’ai pris le petit bout de plastique des mains du type pour le remettre en place (il était juste déboité) mais il l’a sorti de son emplacement, en hurlant encore plus fort et en me montrant du doigt son pantalon poussiéreux.
Autour, tout le monde se marrait, même le chauffeur. Marjolaine n’en menait pas large et je dois dire que moi non plus. Le type me tenait toujours par le bras, m’empêchant de me dégager et par-dessus le marché, me postillonnait dessus.
Au bout de 10 bonnes minutes de ce cinéma, voyant que l’affaire n’allait pas évoluer, j’ai envoyé Marjolaine chercher un flic, ou quelqu’un qui puisse démêler la situation.
Entre temps le chauffeur du taxi se préparait à quitter les lieux. Me voyant ainsi abandonnée au milieu d’une foule inhospitalière (et ce n’est rien de le dire !!) et ne comprenant pas un traitre mot de ce qui se disait autour de moi, il a finalement eu un sursaut d’humanité, peut-être une once de pitié (ce dont je croyais sincèrement les chinois dépourvus..) et il est ressortit de son taxi. Il est venu vers nous (ma sangsue enragée et moi). Il a sortit un billet de 10 yuans de son portefeuille, me faisant comprendre que c’était ma seule issue. J’ai finalement pu acheter ma liberté pour un euro (de quoi payer son pressing à ma soi-disant victime). A la vue du billet, le type a enfin arrêté de hurler contre mes tympans et m’a lâché le bras. La foule avait un petit air déçu. J’ai retrouvé Marjolaine. Fin de l’histoire.

Dans le bus de nuit qui nous a menées de Kunming à Lijiang, là non plus, on n’a pas eu de chance. Notre chauffeur était littéralement fou : pendant toute la nuit, il nous a hurlé dessus, Marjolaine et moi. Voyant qu’on ne comprenait rien de ce qu’il essayait de nous dire, il pensait peut être qu’en le disant plus fort, la communication passerait mieux… C’en était au point qu’à chaque fois qu’il s’arrêtait pour la pause pipi, on avait beau dormir profondément, il ressentait le besoin de venir nous crier dans les oreilles qu’il était arrêté. Sans mentir, la première fois, j’ai cru qu’on avait eu un accident ou un truc du genre… Ça a duré tout le trajet…

Enfin, last but not least de la liste des mauvaises surprises de ces 3 premiers jours au pays du soleil levant, lorsque nous somme arrivées à Lugu Hu, j’ai découvert que mes 2 meilleurs amis dans la région, Naji et A-Shin, n’étaient pas à Lige et ne rentreraient pas avant un bout de temps. Je sais bien que j’étais venu pour bosser, mais le fait de les revoir après 6 mois d’absence faisait partie du plaisir…


Lugu Hu


Un couple de français que j’avais rencontré à Lige l’hiver précédant m’avait dit qu’en voyage, il ne fallait jamais revenir sur ses pas, que c’était toujours décevant.
J’ai commencé par croire qu’ils avaient raison. Heureusement la suite du séjour m’a permit de revenir sur cette idée. C’est vrai qu’en revenant sur un lieu qu’on a déjà connu en voyage, il ne faut pas s’attendre à revivre la même expérience. Même dans un petit village comme celui-ci et à seulement 6 mois de différence, les choses changent.
En une demi-année, Lige s’est transformé : deux fois plus de bâtiments (en grande majorité de nouvelles infrastructures pour accueillir les touristes), des nouvelles têtes (eux aussi arrivés pour accueillir les touristes), une autre ambiance…

En plus, du fait de l’absence de Naji, je n’ai pas osé m’installer chez sa mère. Du coup j’ai passé tout mon séjour dans une auberge de jeunesse. D’abord avec Marjolaine, et puis une semaine plus tard, lorsqu’elle est repartie pour Phnom Penh, toute seule ; ce qui en réalité n’a pas été tout à fait pour me déplaire. Après tout ce temps passé en couchsurfing, j’étais contente de retrouver un peu d’intimité.

Mes rencontres

Du fait de l’absence de Naji et A-Shin, mon emploi du temps s’est trouvé beaucoup moins chargé que lors de mon dernier passage… J’ai pu faire des siestes, regarder des films sur mon ordi, bouquiner et glander tranquillement. J’ai quand même été faire un tour dans les villages alentours : Laoshui, Xiao Laoshui, Yongning et Baiju. C’était calme, rien à voir avec la beuverie continuelle de l’hiver passé, c’était sympa. Je crois que Marjolaine a apprécié ses quelques jours de vacances malgré la météo (pendant son séjour et même après, il a plu presque tous les jours).

Elle a sympathisé avec Erche Lamu, la fille qui m’avait invité à un anniversaire l’hiver précédent (le fameux anniversaire moso, dont vous vous souvenez peut-être du fait de la bagarre qui avait suivi – sinon, reportez-vous au post concernant mon premier séjour en Chine - je précise que depuis, Erche a changé de petit ami !!).

Quant à moi j’ai eu le plaisir de me rendre compte que personne au village ne m’avait oublié… Malheureusement le fait de ne plus avoir d’interprète à considérablement limité les échanges !! Mais du coup je me suis remise, un peu forcée, au mandarin, et j’ai bien plus progressé ces dernières semaines que durant les 3 mois qu’avait duré mon premier séjour !!

J’ai quand même revu Siobhan et son mari Peter, les anthropologues américains que j’avais rencontré à Laoshui 6 mois plus tôt. J’ai passé pas mal de temps avec eux, au programme : barbecue, ballades et interviews (cette fois c’est Siobhan, qui parle couramment chinois, qui m’a servie d’interprète…). Je les ai trouvé bien moins enthousiastes au sujet des moso que lors de notre première rencontre… Probablement que 9 mois passés à partager la vie des populations du lac, dans différents villages, ça fait beaucoup...

Mes coups durs

Rien de particulier à raconter dans cette rubrique, si ce n’est un gros rhume avec forte fièvre qui m’a inquiété plus que de mesure, étant donné qu’il est survenu exactement 2 semaines après mon passage à Pai, dans le nord de la Thaïlande, où je m’étais fait dévoré par les moustiques alors que le palu. sévit sévèrement dans la région et qu’on m’avait justement prévenu que le temps d’incubation de la maladie était d’environ 2 semaines… Bref, des frayeurs inutiles, et des heures passées sur le net à chercher le descriptif des symptômes de la malaria (et leurs conséquences, d’où les grosses frayeurs !!).

Mon film


Concernant mon tournage, j’avoue que j’ai été un peu déçue. Le festival du tour de la montagne, que j’attendais depuis 6 mois s’est révélé être bien moins authentique que ce à quoi je m’attendais. Censé être la réunion annuelle des 40 000 moso du Lac Hugu, cette fête relève bien plus en réalité d’un pic-nic géant que d’une cérémonie religieuse.


Et peut-être que cette année, la pluie a découragé les moins motivés, mais il y avait bien loin de 40 000 personnes présentes. Quelques milliers tout au plus, dont pas mal de touristes !! Enfin bref, c’est toujours bon à prendre pour mon film sur les moso… et puis le bon côté de cette fête, c’est qu’on y a été, Marjolaine et moi, avec la mère de Naji et sa famille. On a ensuite enchainé sur une soirée chez le frère de Naji (qui vit dans la famille de sa compagne, dans un autre village). Une bonne immersion en pays moso !!


Xichang



J’ai quitté le lac un lundi après-midi, après avoir attendue un bus sur le bord du chemin pendant 3 bonnes heures. Contrairement aux fois précédentes, j’ai emprunté la route qui part vers le Sichuan, plutôt que celle qui mène à Lijiang, dans le Yunnan. Une trajectoire beaucoup moins fréquentée (j’ai vite compris pourquoi quand j’ai vu l’état de la chaussée !) et néanmoins très pratique pour rejoindre le nord du pays.
Si les 8 heures de trajet n’ont pas été des plus confortables, je dois admettre que je ne regrette en rien d’avoir choisit cette voie. Car c’est dans ce bus que j’ai pu assister à l’un des évènements les plus surprenants de mon séjour en Chine (voire même de mon existence !).
Apres avoir apprécié à sa juste valeur (pour les autres) le décapsuleur dentaire, que je pense avoir déjà évoqué sur ce blog (technique qui consiste à décapsuler une bouteille de bière avec les dents), je suis fière d’attester que j’ai été témoin (et que je suis toujours en vie) d’un changement de chauffeur dans un bus lancé à pleine vitesse sur une route de montagne. Je n’ai aucune idée de la raison qui a poussé les 2 chauffeurs à se relayer sans prendre le temps de s’arrêter sur le bord de la route… Peut-être le retard accumulé, ou peut-être une occasion de faire monter l’adrénaline des passagers à moitié endormis…
Quoi qu’il en soit je me permets de reprendre tout en corrigeant quelque peu la célèbre réplique du César de René Goscinny : « Ils sont fous ces chinois !! ».

Contre toute attente, je suis arrivée à Xichang, petite ville du Sichuan vers 21h00, avec l’intention de prendre un train pour Chengdu le soir même. J’avais consulté les horaires des trains et c’était parfaitement jouable. Seulement arrivée au guichet, je me suis fait rembarrer par la dame en uniforme. J’ai mis un certain temps à comprendre que ce n’était pas à cause de mon accent (!!!) mais qu’en réalité tous les départs prévus pour la nuit avaient été annulés.
J’ai donc passé une nuit à Xichang. Et aussi toute une journée, vu que le premier train pour Chengdu ne partait pas avant le soir.
Pas vraiment intéressant et plutôt fatiguant de trainer toute la journée en ville avec mes bagages (à 9h00 du matin le responsable de l’hôtel frappait à ma porte pour me faire dégager de la chambre..). Alors je me suis baladée et j’ai pris des photos pendant quelques heures, et puis j’ai lu dans un parc jusqu’à ce que je me fasse tremper par les arroseurs automatiques, et puis j’ai attendu, attendu, attendu…

Mes rencontres

Je suis restée à Xichang à pleine plus de 24h… Et pourtant j’y ai fait des rencontres surprenantes…


En me promenant dans les rues pour faire passer le temps en attendant le départ de mon train, je suis tombée sur le quartier des jeux d’argents. Sur des centaines de mètres, le long du canal, des petites échoppes brinquebalantes, supposées maisons de thé, réunissaient les joueurs (hommes comme femmes, et de tous les âges), autour de parties de majong, de cartes, et bien d’autres jeux dont je n’avais jusque là soupçonné l’existence. Des dizaines d’échoppes, des milliers de joueurs et probablement bien plus de billets passaient de mains en mains dans cette rue.
Il faut savoir que les jeux d’argent et les paris sont interdit en Chine depuis bien longtemps… Et pourtant je n’ai vu nulle part ailleurs un tel attrait des populations, toutes classes sociales confondues, pour les jeux de toutes sortes, à condition qu’on puisse y gagner (et y perdre !!) de l’argent.

Alors que je m’étais posée à l’ombre des hauts murs d’une usine désaffectée pour bouquiner, attendant toujours le départ de ce foutu train, je me suis fait accoster par une bande de gamins touts juste sortis de l’école. Au début ils étaient peu nombreux, peut-être 5 ou 6 et se sont arrêté à une dizaine de mètres pour m’observer, jusqu’à ce que l’un d’eux ait le courage de venir m’accoster par un petit « hello, good morning » timide mais vaillant. Chacun leur tour ils sont ensuite venu me montrer qu’ils connaissaient deux mots d’anglais. Et puis d’autres enfants sont arrivés, et puis d’autres, et encore plus.
Au bout d’un moment, c’est toute l’école qui m’entourait, chacun voulant que je lui adresse la parole et que je note un petit mot en anglais sur son cahier. C’était comme d’être une star de cinéma signant des autographes. Les gamins surexcités se hurlaient dessus et se bousculaient autour de moi, ne me laissant pas une seconde de répit.
J’en ai vite eu ras-le-bol mais mes petits fans ne voulaient plus me lâcher…
J’ai du finalement leur faire croire que je devais aller prendre le train et m’engouffrer dans la gare pour qu’ils se décident à rentrer chez eux. Une fois le terrain libre, je suis ressortie de la gare dans l’intention d’aller manger un bout dans un petit resto aux alentour. Seulement je ne savais pas que certains des gamins que j’avais rencontrés plus tôt trainaient encore dans le coin… Heureusement cette fois ils étaient moins nombreux, et la patronne du resto les a empêcher de m’embêter pendant que je mangeais. Ils ont donc gardé leurs distances, jusqu’à ce que j’aie fini mon assiette !!! Ensuite ils sont revenu avec chacun un petit cadeau à mon intention (un mini carnet, un cahier ou encore un stylo..). J’avoue que j’ai bien regretté de n’avoir rien à leur donner en retour…

Mes coups durs

En plus de l’histoire du départ de train annulé, j’ai rencontré quelques soucis à trouver un hôtel. Non qu’il n’y ait pas eu dans le coin, au contraire… Il y en avait 4 ou 5 !!!
Mais du fait de l’annulation de tous les trains prévus pour la nuit, les passagers pris de cours se sont rués sur les chambres des hôtels alentours. Moi y compris ; seulement tous les hôtels affichaient complet, sauf un… et manque de bol pour moi, dans celui-là, le gérant refusait de prendre des étrangers.
En effet depuis les Jeux Olympiques, les hôteliers ont pour obligation de faire remplir à leurs clients étrangers un formulaire spécial, à déposer au poste de police le plus proche.
Le gérant de cet hôtel ayant probablement la flemme de faire ces démarches (et sachant que de toutes façons son hôtel afficherait complet ce soir là, avec, ou sans moi), refusait tout simplement de me donner une chambre !!!
Je me voyais déjà passer la nuit dans la salle d’attente de la gare lorsque mes sauveurs sont arrivés… Un couple de jeune gens qui parlaient un tout petit peu anglais et qui, comprenant mon dilemme, ont proposé au gérant de l’hôtel de me donner un chambre enregistrée à leur nom (ce qui évitait au monsieur paresseux d’avoir à déclarer ma présence au poste de police). Il a finit pas accepter ; et j’ai pu finir la nuit dans un lit.

Chengdu


Je suis arrivée à Chengdu après une nuit de train (ma première en Chine !!!) plutôt reposante. J’avais réservé une couchette « hard sleeper », très confortable malgré la petite hauteur sous plafond.


A peine arrivée dans la capitale du Sichuan, j’ai été accueillie par un américain du nom de Walter. Il m’a gentiment offert sa chambre d’amis, un bouquin de Dostoïevski (j’étais alors gravement en rade de lecture) et une carte de la ville.

Un bon prétexte pour aller me balader dans cette petite ville de seulement 2 millions d’habitants (quasiment rien à l’échelle chinoise !!!). Et c’est peut-être parce que je logeais à 2 pas de l’université, mais j’ai beaucoup apprécié l’ambiance détendue de la ville, et le dynamisme de ses habitants.
J’ai eu l’impression de traverser une citée à la fois moderne et authentique. Apparemment je ne suis pas la seule à l’avoir appréciée puisque Chengdu a été récemment classée 4ème ville chinoise la plus agréable à vivre par le China Daily.

J’ai profité de la petite semaine que j’y ai passé pour aller rencontrer les derniers pandas géants (espèce endémique et en voie de disparition) de la planète.


Mes rencontres

Alors tout d’abord, j’ai rencontré Walter.
Gentil, serviable et discret. Evidemment (comme les ¾ des étrangers expatriés en Chine) il est prof d’anglais. Mais son originalité réside dans le fait qu’il s’est beaucoup investit dans l’action humanitaire, en particulier après le tremblement de terre du 12 mai 2008 qui a fait 70 000 morts et près de 400 000 blessés, sans parler du nombre de sinistrés…
Tous les week-ends depuis le mois de juillet, il part avec d’autres volontaires à Beichuan (l’épicentre du séisme, où tout a été systématiquement détruit) et aide à déblayer, nettoyer, reconstruire… Et le plus étonnant dans tout ça, c’est qu’il est obligé de se faire passer pour un chinois (heureusement il est à moitié japonais et parle parfaitement le mandarin) puisque les étrangers ne sont pas autorisés sur cette zone sinistrée ou parait-il, des ogives nucléaires fabriquées dans des laboratoires atomiques secrets sont encore ensevelies sous les décombres…

Quoi qu’il en soit, j’ai bien accroché avec Walter qui m’a fait suffisamment confiance pour me laisser son appart pendant 3 jours alors qu’il était à Beichuan, mais aussi pour me présenter ses amis…

Parmi eux, celle avec qui je me suis vraiment bien entendue : Xiaoyu !!
Une fille hors du commun, issue d’une vieille famille de Chengdu, étudiante en dernière année de droit et propriétaire d’une boutique de fringues à la mode.
Un niveau de vie largement au dessus de la moyenne, des amis à la fois chinois et étrangers, une bonne culture cinématographique et musicale, une pêche d’enfer et une grande ouverture d’esprit : bref, une nana bien cool !!!


Avec elle j’ai découvert la ville de nuit.
Plusieurs fois nous avons fait ensemble la tournée des grands ducs, passant d’un bar à un autre pour finir dans des boites de nuit électro plus déjantées les unes que les autres…
J’ai d’ailleurs trouvé la vie nocturne de Chengdu plus grouillante et diversifiée que celle des grandes villes chinoises…

Lors d’une de ces folles soirées, j’ai sympathisé avec Harry, un ami de Walter.
22 ans, né à Chengdu et n’ayant pratiquement jamais quitté le Sichuan, Harry m’a beaucoup étonné, d’abord par la qualité de son anglais : Un accent irréprochable, un vocabulaire largement supérieur au mien, une connaissance du système politique et de l’actualité américaine bien au-delà du commun des mortel (et je crois même, au-delà du commun des américains…) et tout ça sans avoir fait d’études supérieures !!
J’ai appris plus tard qu’Harry était fan des shows politiques télévisés américains que Walter lui refilait en masse après les avoir téléchargé… Mais tout de même !!!

Et puis à Chengdu j’ai rencontré encore beaucoup d’autres personnes sympas ; des expat. néerlandais, irlandais, australiens et des couchsurfeurs des 4 coins du monde :
- Robbie, le canadien écolo
- Marco, le designer portugais qui m’a proposé une collaboration
- Nick, le journaliste anglais qui venait tout juste d’écrire un article sur les lesbiennes en Inde et qui m’a filé plein de contacts
- Lisa, l’islandaise dont je ne connais pas la profession mais qui était bien embêtée par la banqueroute de sa banque !!!

Mes coups durs

J’ai vraiment passé de bons moments à Chengdu si ce n’est ce qui concerne mes différentes tentatives de renouvellement de visa...
N’ayant obtenu qu’une autorisation de 30 jours à Bangkok, je me suis d’abord adressée au PSB (Public Security Bureau) de Chengdu, qui me demandait, en dehors des formalités habituelles, la preuve que je disposait de 3000 dollars sur mon compte en banque et un formulaire signé par le poste de police, stipulant que j’étais hébergée chez un résidant chinois.
Walter m’a donné un coup de main en usurpant l’identité de son propriétaire pour remplir le formulaire et je ne compte pas le nombre d’aller-retour que j’ai du effectuer entre son appartement et le poste de police du quartier.

Finalement, les délais de délivrance du visa étant de 5 jours ouvrables (une semaine en fait !!) j’ai décidé sur les conseils de mon hôte d’aller faire une demande à Leshan, à 3 heures de route de Chengdu. Seulement lorsque je suis arrivée au PSB de là bas, l’officier en charge m’a gentiment mais fermement éconduite, sous prétexte qu’il me restait encore 10 jours de validité sur mon premier visa (alors qu’à Chengdu ça ne posait pas de problème)…

Du coup j’ai décidée de laisser tomber, de rentrer à Chengdu et de retenter ma chance lors de mon séjour à Xining.


Xining


Capitale du Qinghai, Xining est selon moi une ville d’intérêt moyen. Je ne m’y suis arrêtée que pour faire renouveler mon visa, ce qu’heureusement, cette fois, je suis parvenue à faire, et ce, en seulement 2 jours…
Le principal (si ce n’est le seul..) attrait de Xining réside en fait dans la composition de sa population : environ 37 groupes ethniques se mêlent ici, dont une majorité (évidemment !) des Han, mais aussi des Hui (musulmans) et de tibétains (bouddhistes).
Et se balader d’un quartier à un autre de la ville donne l’impression de voyager au-delà des frontières chinoises (d’une rue à l’autre, les phénotypes et les langages sont différents, comme les vêtements portés par les gens, et les spécialités culinaires mises en avant sur les marchés).

J’ai profité de l’attente de mon visa pour sortir de la ville et aller visiter le monastère bouddhiste de Ta’er Si, édifié en 1560 sur le site de naissance de Tsongkhapa, le fondateur de la secte des bonnets jaunes (immensément majoritaire actuellement parmi les différents courants bouddhistes tibétains et dont est issu l’actuel Dalaï-lama).
Le site est impressionnant par sa taille et son organisation mais j’ai trouvé les moines bien moins sympathiques que ceux que j’avais pu fréquenter à Dharamsala (ville du nord de l’Inde, dans l’Himachal Pradesh, où sont réfugiés le gouvernement tibétain en exil ainsi que le 14ème Dalaï-lama et quelques 10aines de milliers de tibétains).


De retour à Xining j’ai aussi visité la mosquée de Dongguan, l’une des plus grandes du nord de la Chine.

Xinjiang

J’ai quitté Xining en bus pour Lanzhou, où j’ai embarqué dans un train direction Urumqi, dans la région du Xinjiang. Vingt-et-une heures de trajet le long de la route de la soie à travers le désert du Taklamakan….



L’occasion d’admirer des paysages fabuleux, vraiment surprenants par leur diversité !!!



Je pense qu’il est temps pour moi de faire une petite parenthèse au récit pour vous introduire le Xinjiang, cette région que je rêvais tant de découvrir depuis que j’en avais aperçu des photos lors de mon premier séjour en Chine…

Allez c’est parti ; petite leçon de culture G :

Situé dans le nord-ouest de la Chine, le Xinjiang (aussi appelé Turkestan chinois) s'étend sur 1,66 million de km² (1/6ème de la superficie totale du pays !). Doté d’une frontière de 5 600 km, le Xinjiang côtoie la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Pakistan, la Mongolie, l'Inde et l'Afghanistan.
Sur le plan historique, le Xinjiang était une étape importante de la célèbre « route de la soie » (IIème siècle av JC jusqu’au XVème siècle) : ce réseau de routes commerciales entre l'Orient à l'Occident, allant de Chang'an (actuelle Xi'an) en Chine, jusqu’à Antioche, en Syrie médiévale ; et qui doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication.

Les convois de caravanes partaient de Xi'an, Lanzhou ou Xining et empruntaient le corridor du Gansu puis contournaient par le nord ou le sud le désert du Taklamakan, l'un des plus arides du monde.
À partir de Kachgar et Yarkand, les pistes rejoignaient la Perse ou l'Inde à travers les hautes montagnes de l'Asie centrale (Pamir, Hindū-Kūsh et Karakoram), puis par la Sogdiane (Samarcande, Boukhara, Merv), la Bactriane (Balkh) ou le Cachemire (Srinagar). En fait, très rares étaient ceux qui parcoururent l'intégralité du trajet ; mais Marco Polo, son père et son oncle furent de ceux-ci….


L’histoire a donc fait de cette région un véritable carrefour économique et commercial, mais aussi culturel ; et aujourd’hui, du point de vue démographique, outre les Han, le Xinjiang compte officiellement une vingtaine de groupes ethniques différents.

La région arrive donc en deuxième position, juste derrière le Yunnan en termes de nationalités reconnues par l’Etat chinois. Cependant, certains de ces groupes sont numériquement très faibles, et représentent à peine quelques dizaines de milliers voire quelques milliers de personnes comme les Tadjiks, les Xibes, les Mandchous, les Ouzbeks, les Russes, les Daurs ou les Tatars.

Les populations " allogènes " principales du Xinjiang sont en fait les Ouïgours - qui représentaient en 1990 environ 47,50% de la population totale de la région autonome et se trouvent localisés principalement dans le bassin du Tarim et dans la région de Kuldja - et les Kazakhs (7,30% de la population en 1990), groupés dans les vallées de l’Altaï et de l’Ili en Djoungarie.

Ainsi la langue largement parlée dans le Xinjiang est très proche du turque. Il est d’ailleurs assez surprenant de constater que beaucoup de gens, surtout parmi les personnes âgées ne parlent pas le mandarin…

Enfin bon, revenons à nos moutons…



Je suis arrivée à Urumqi un après-midi du mois septembre et j’ai filé vers une auberge de jeunesse où j’ai pu me poser et me reposer en attendant de retrouver ma copine Naji (celle qui m’avait aidée à traduire mes interviews moso au lac Hugu 6 mois auparavant et qui entre-temps a quitté le Yunnan et s’est installée à Urumqi).
Le lendemain, je reprenais donc mes bagages pour m’installer dans l’appartement qu’elle partageait déjà avec sa colocataire.
Alors que je prévoyais de ne passer que 2 ou 3 jours à Urumqi, je me suis laisser convaincre par Naji de profiter de mes vacances pour découvrir la ville avec elle.
Depuis 3 mois qu’elle y vivait, elle n’avait pas eu vraiment le temps de trainer et de visiter. Pendant une semaine, on a donc fait les touristes…
On s’est fait beaucoup de très bons restaurants, on s’est baladé le long des marchés, on a fait le tour des parcs et des cafés ; on est même parti visiter le lac Tian Chi, à une centaine de kilomètres de là…


L’endroit s’est révélé hyper touristique et pas vraiment impressionnant (surtout pour nous qui connaissions le Lugu Hu, de loin plus surprenant par la beauté de ses eaux, comme de ses rives). Cela-dit, on est tombé sur des couples de jeunes mariés qui venaient se faire prendre en photo devant le lac, à tour de rôle, accompagnés de photographes, maquilleurs et tout le tralala, les femmes portant des basquets pour marcher sur les rochers et des robes de mariées hyper décolletées alors qu’il faisait dans les 10 degrés… J’avoue qu’on a bien rigolé !!




A Urumqi, on s’est fait des journées « beauté-santé », Naji y tenait beaucoup !
C’est que je devais avoir un air pas terrible en arrivant…
On a passé une journée entière à se faire désencrasser, masser, et pomponner dans une sorte de spa géant dont le programme consistait tout d’abord à prendre une douche dans une salle commune où l’on se faisait aussi gommer le corps et masser (des 10aines de femmes à poil trimbalaient leurs carcasses de gauche à droite dans cette immense pièce décorée de fontaines, de bassins et de jets d’eau, c’était assez surréaliste je dois dire…)
Ensuite on s’habillait d’un pyjama rose et de pantoufles pour aller déjeuner autour d’un grand buffet (auquel tout le monde était en pyjama) avant d’aller faire de l’internet, des jeux vidéo, d’aller regarder un film, faire un billard ou une sieste sur un canapé, toujours en pyjama !! J’ai trouvé le concept très chinois…



Au bout d’une semaine, j’ai abandonné Naji pour repartir à la découverte du Xinjiang.
J’ai pris un bus en direction du sud jusqu`à Khotan, une petite ville-oasis perdue au milieu du désert, et peuplée par plus de Ouïgours que de Han…
Un vrai dépaysement !!



Je me suis régalée de spécialités culinaires Ouïgoures (yaourts frais, galettes au sésame ou à l’oignon, petits pains divers et variés, brochettes d’agneau, salades de pates froides, etc, etc…) le paradis !!!!!




J’ai continué à faire la touriste en visitant une fabrique artisanale de soie de l’atlas (très réputée apparemment..) et surtout en allant me perdre le long de la rivière de Jade de Khotan, qui n’est alimentée que par la fonte des neiges au début de l’été et reste complètement sèche en hiver. Bien connue en Chine pour la richesse de son lit, elle attire les chercheurs de jade de toute la région et se révèle un vrai trésor photographique !!!


De Khotan je suis remonté vers Kashgar, à l'ouest du désert du Taklamakan et au pied des montagnes du Tian Shan.
Dernier rempart chinois avant le Pakistan et le Kirghizistan, Kashgar (en comparaison d’Urumqi) a su garder une identité ouïgoure fortement marquée ; cependant le gouvernement chinois modernise actuellement la ville et la cité ouïgoure est systématiquement détruite et remplacée par une architecture moderne. C’est bien dommage…



Kashgar est réputée dans la région pour son marché du dimanche, qui est connu pour être le plus gros marché d'Asie centrale, et où sont sensé se presser des commerçants de tous les pays alentours (Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan, Afghanistan, Pakistan et Inde).


J’ai donc été un peu déçue de constater qu’en réalité, ce marché, bien qu’assez imposant, n’attirait en fait que les habitants du Xinjiang, et n’arrivait pas à la cheville du marché de Bac Ha, dans le nord du Vietnam.

Le lundi qui a suivi le marché, je suis partie pour Korla, une ville industrielle, où je ne me suis arrêté que parce que mon guide (« emprunté » dans la bibliothèque d’une guest house de Siam Riep), datant de 2004, affirmait qu’il n’y avait pas de gare ferroviaire à Turpan (où je voulais me rendre). En réalité, depuis la parution du bouquin, une gare avait bel et bien été construite…
Quoi qu’il en soit, je n’ai rien trouvé à Korla qui vaille la peine de s’y arrêter (si ce n’est l’hôtel dans lequel j’ai passé 2 nuits, mais ça je vous en parlerai plus bas).

Donc finalement, après 2 jours de glandouille, j’ai repris le train pour Turpan, à 150 km d’Urumqi. J’y ai rencontré deux filles que le destin tenait absolument à placer sur ma route (là aussi c’est pour plus tard). On a pris une chambre d’hôtel à 3 pour économiser nos sous et visité ensemble la ville abandonnée de Jiaohe, construite pour être la capitale du royaume de Cheshi en 108 av JC, et abandonnée 13 siècles plus tard lors de l’invasion moghole menée par Genghis Khan.
En bref, une citée en ruine, bâtie à même le sable et en plein désert.


Et puis je suis repartie pour Urumqi, où Naji m’attendait avec impatience…
Ayant épuisé son quota de congés, elle n’a, cette fois, pas pu passer beaucoup de temps avec moi. Donc je ne me suis pas éternisée. Et puis mon visa arrivait à son terme et j’avais encore beaucoup de route à faire avant pouvoir quitter la chine.

Sur le chemin du retour (jusque dans le Yunnan où je devais récupérer ma caméra et mes bagages), je me suis arrêtée à Dunhuang histoire d’aller escalader quelques dunes de sable.


Et puis j’ai filé en catastrophe vers Xining pour des histoires de visa...

Je me suis ensuite posée quelques jours à Chengdu pour profiter du nouvel appartement de Xiaoyu (dans un quartier branché et très animé). Puis retour au Lugu Hu en passant par Xichang. A-Shin n’était toujours pas rentré, je ne me suis pas attardée. Trois jours après mon arrivée, je reprenais un bus pour Lijiang, directement suivit d’un bus de nuit pour Kunming, d’où j’ai finalement quitté la Chine par avion.

Mes rencontres

Je sais, vous en avez déjà en tendu parler, mais comment ne pas évoquer à nouveau ma copine Naji, cette jeune moso tellement sympa que j’en suis arrivée à la considérer comme une petite sœur. Elle a été tellement généreuse avec moi que je n’espère qu’une chose, c’est qu’elle puisse un jour venir passer quelques temps en France pour que je puisse à mon tour l’accueillir chez moi et lui faire découvrir Paris. Je sais d’ors et déjà qu’elle adorerait la ville !!!

A Urumqi, elle m’a souvent confié à ses amis pendant qu’elle travaillait. Tous se sont adorablement comportés envers moi malgré le fait que la communication entre nous était franchement limitée…


Et puis je les ai évoqué un peu plus haut : Kong Hua et sa copine, deux filles du Hubei en vacances dans le Xinjiang, que j’ai rencontré dans le train entre Korla et Turpan, avec qui j’ai passé 2 jours à faire du tourisme, que j’ai quitté en partant pour Urumqi, et que par hasard, j’ai retrouvé dans le train entre Urumqi et Donhuang !!


C’était sympa de voyager avec des chinoises (et très pratique pour commander les meilleurs plats au restaurant !!) et d’en apprendre un peu plus sur leur mode de vie.
Bon ; elles aussi, parlaient un anglais assez limité, mais avec le peu de vocabulaire chinois que j’ai fini par emmagasiner, on s’en est très bien sorties !!



Mes coups durs

Tout d’abord, une anecdote qui avec le recul, me parait assez marrante :
Dans le train entre Lanzhou et Urumqi, j’ai rencontré une femme d’une 50 aine d’année qui voyageait avec ses collègues de travail. Après 5 minutes de banalités, elle me propose de venir diner avec elle le lendemain. Surprise de rencontrer chez cette dame un tel intérêt (c’est tellement rare en Chine de se faire inviter chez quelqu’un de cette façon..), j’accepte son invitation.
Le lendemain elle me téléphone pour confirmation et propose que Naji et moi la rejoignions à son bureau pour que l’on aille ensuite prendre l’apéro chez elle et diner.
Vers 18h on arrive au rendez-vous et là, plutôt que de récupérer ses affaires pour sortir, elle nous installe dans un petit bureau et commence à nous déballer ses produits : des serviettes hygiéniques et des teintures pour les cheveux.
Elle utilise Naji comme traductrice pour me faire toute une démonstration (comme dans la pub Always) à grand renfort d’expériences ennuyeuses à mourir (du style : je verse de l’eau sur les serviettes hygiénique, la serviette X se déchire en mille morceau tandis que la serviette Y reste pratiquement sèche, etc…) Au bout d’une heure on commence à s’impatienter et là elle explique clairement à Naji qu’elle attend de moi que je lui achète son stock pour le revendre à Paris. N’importe quoi !!!
On a réussit a se tirer de là en prétextant un rendez-vous inattendu et super important.
Elle a quand même tenu à passer le voir à mon hôtel le lendemain. J’ai dis oui, sachant qu’entre-temps j’aurais déménagée chez Naji !!
Bon ok, j’avoue que c’est un petit coup dur, mais quand même, j’étais bien vexée de m’être fait avoir.

Un peu plus embêtant : pendant ces 5 semaines de pérégrinations dans le Xinjiang j’ai pas mal souffert de solitude…
N’ayant pu trouver d’hôtes couchsurfing dans la région j’ai logé dans des hôtels pas chers et donc assez pourri (sauf pendant le temps que j’ai passé chez Naji). Personne ne parlant anglais, j’ai passé mes journées à déambuler comme une âme en peine (enfin surtout les derniers jours) et j’ai commencé à déprimer.

Ainsi, lorsque je suis arrivée à Korla en pleine nuit et que je me suis fait refuser l’entrée de 3 hôtels consécutifs (la province du Xinjiang revendiquant son indépendance par rapport au gouvernement central chinois, les règles concernant les étrangers sont beaucoup plus strictes que dans le reste de la Chine et seuls quelques hôtels sont autorisés à recevoir les étrangers), j’ai commencé à péter les plombs. Il était 3 heures du matin, je venais de me taper 10 heures de trajet et j’étais crevée. Un taxi m’a finalement amené dans un hôtel tout récemment ouvert et qui acceptait les étrangers. Seulement la chambre était à 200 RMB la nuit (4 fois le prix de ce que je m’autorisais habituellement à payer pour une chambre d’hôtel). Epuisée et dégoutée, j’ai décidée d’y passer une nuit et de reprendre le train au plus tôt le lendemain. Seulement lorsque j’ai vu la chambre, le lit king size, la salle de bain rutilante, le câble ADSL qui trainait sur le bureau… J’ai réalisé que ce serait dommage de ne passer qu’une demi-nuit au paradis !!! Et comme en plus il se trouvait que je fêtais ce jour là la mi-parcours de mon voyage, j’ai décidé de fermer les yeux sur le trou dans mon budget et de rester une nuit de plus.



J’en ai profité pour faire une grasse matinée, prendre 3 douches chaudes par jour, faire de l’internet à gogo et franchement, croyez moi ou pas, ça m’a remonté le moral comme jamais je n’aurais cru que ça le ferait !!! Comme quoi, un peu de confort matériel peut combler le manque relationnel et affectif dont souffre une personne seule !!!!

Enfin dernier coup dur, et non le moindre (parce qu’il m’aura couté assez cher) ; je comptais poursuivre ma route depuis la Chine vers le Népal en passant par le Tibet, mais depuis les manifestations qui ont précédé les J.O, de nouvelles régulations restreignent la présence des étrangers dans la région (« pour leur sécurité », dixit le gouvernement).
Désormais, et pour encore probablement au moins une année, l’accès au Tibet ne se fait qu’à condition d’avoir acheté un permis d’une valeur de 200 euros, et d’être accompagné d’un guide dont les honoraires s’élèvent à environ à 400 euros.
Une somme bien au-delà de mes moyens et qui m’aura contrainte à prendre un avion depuis Kunming pour Bangkok, puis de là, à embarquer sur un autre vol pour Katmandu (plus économique - 360 euros tout de même!! - que de voler depuis la Chine vers le Népal !!).



Je dois dire que finalement j’étais assez contente de quitter la Chine.
Après y avoir passé 5 mois au total (sur 2 séjours), j’en arrive à la conclusion que ce pays n’est définitivement pas le plus facile à traverser pour un voyageur.

Bien sure, les paysages ont magnifiques et les gens (surtout ceux issus des minorités) peuvent êtres gentils, mais dans l’ensemble, ils ne sont ni particulièrement accueillants, ni particulièrement sympathiques.
Rares sont ceux qui sont prêts à faire l’effort de parler une autre langue que la leur, voire même d’essayer de vous comprendre quand vous tentez de parler chinois.
Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis fait bousculer ou hurler dans les oreilles (je crois que parfois les fonctionnaires et agents du service publique – les pires de tous les chinois – devaient croire que s’ils parlaient plus fort, je les comprendrais mieux…) ce qui n’est pas franchement pour me plaire et auquel je ne m’habituerai jamais !!

En plus, faire du tourisme Chine revient vite très cher, puisque tout les sites touristiques (artificiels comme naturels) ont un accès payant et que les tarifs appliqués sont exorbitants comparés au cout de la vie en Chine (12 euros pour avoir le droit de marcher sur les dunes de Mingsha à Dunhuang !!). Pour le voyageur à petits budget, c’est tout simplement impossible à gérer, de même que pour le chinois moyen. Du coup, seuls les plus fortunés peuvent se payer le luxe de découvrir les trésors naturels et historiques du pays.

Enfin, on parle de la Chine comme d’une grande puissance communiste mais je ne crois pas avoir déjà traversé un pays dont le système soit autant antisocial.
Les conditions de travails des salariés chinois sont terribles et leurs droits tout simplement niés. Sans aller jusqu’aux extrêmes que sont les travailleurs migrants sur qui repose en grande partie la croissance de la Chine, il me suffit pour me justifier de prendre l’exemple de Naji :
A Urumqi, elle occupe un poste de barmaid à l’hôtel Kempinski (un groupe allemand très bien implanté en Chine). Elle travaille de 19h à 5h du matin, touche 100 RMB par jour - 10 euros – et n’à droit qu’à 5 jours de repos par mois (non rémunérés).
Si elle arrive en retard au travail, son employeur lui retire 100 RMB de son salaire (200 RMB au-delà de 20 minutes de retard) ; si elle ne vient pas travailler (à moins d’être hospitalisée) le premier jour lui coute 200 RMB, le second 300 RMB, le troisième 400 RMB et au-delà elle est renvoyée.
Pourtant, elle considère ce boulot comme une véritable aubaine puisqu’il lui permet de gagner 2500 RMB par mois, soit un salaire bien supérieur au salaire moyen des ouvriers et employés dans le Xinjiang qui s’élevait en 2001 à 10 278 RMB annuels !!
Heureusement que la Chine est un pays communiste !!

dimanche 17 août 2008

Right on THAIme


Le tour de Bangkok en 30 jours




Arrivée à Bangkok en bus depuis Siam Reap, j’ai détesté la ville dès la minute où j’y ai posé le pied. Je suis descendue du bus après un trajet de plus de 12 heures, sous une pluie torrentielle, harcelée par une horde de chauffeurs de taxi qui demandait 6 fois le prix de la course et refusaient de mettre leurs compteurs en route.
Apres une bonne dizaine de coup de fils à mon hôte couchsurfing, Jody, j’ai réussit à trouver un tuk tuk qui acceptait un tarif raisonnable et à arriver à bon port.
Plus trempée qu’un indien pendant la mousson, je suis arrivée chez Jody qui m’a gentiment accueillit avec une bière bien fraîche (malgré la flaque qui s’est formée autour de moi et que j’ai laissé dans son salon). Trois couchsurfeurs étaient déjà là : un couple de cyclistes français et leur meilleure amie.

A partir de là, les jours se sont succédés selon un rythme plutôt tranquille. Je me suis pratiquement installée chez Jody et j’ai appris à découvrir Bangkok qui finalement, n’est pas la ville la plus horrible du monde.
A part dans les quartiers touristiques de Bang Lang Pu (pour les bagpackers) et Siam (pour les riches touristes des émirats arabes), Bangkok recèle un charme discret mais néanmoins bien réel. A mi chemin entre Shanghai et Miami, la capitale de la Thaïlande compte quelques gratte-ciel impressionnants et des autoroutes surélevées qui offrent un panorama fantastique sur cette grande fourmilière qu’est Bangkok.

Les transports en commun sont assez bien organisés, et si traverser la ville en bus peut facilement devenir un calvaire pour quelqu’un de pressé (les embouteillages aux heures de pointes sont inévitables autant qu’interminables), se promener d’un quartier à l’autre ne manque assurément pas de charme.

Les thaï sont des gens accueillants, souriants et aimables ; une bonne partie d’entre eux parle anglais et ils sont prêt à tout pour vous aider ou vous renseigner (au risque parfois d’en faire trop et d’accepter des engagement tout en sachant qu’ils ne pourront pas les respecter, comme j’ai pu m’en rendre compte assez rapidement..)

Ce sont pour beaucoup des gens assez simple, même si il arrive de temps en temps au promeneur de tomber sur les « fashion victims », ceux qui portent des lunettes sans verres et dont les montures en plastique couvrent à moitié la vue, ou encore de faux appareils dentaires (très à la mode en Thaïlande : les bagues dentaires couleur fluo, de préférence !!).

Autre chose : les thaï adorent leur roi, et ce, quelque soit leur âge ou leur position sociale. Une vénération sans égal qui les amènent, pour montrer leur dévotion, à porter chaque jour un t-shirt aux couleurs royale (le jaune du lundi pour le roi, le rose du mardi pour la reine, et etc.. chaque jour correspondant à un membre de la famille royale et à une couleur). La chose est surtout notable le lundi, ou beaucoup, beaucoup de gens portent du jaune (et apprécient d’ailleurs grandement que les étrangers fassent de même). C’est plutôt rigolo, surtout que le roi en question semble être quelqu’un de très bien.

Mes rencontres :

Comme d’hab, d’abord les couchsurf host…
Pour Bangkok ça ira vite : je n’en ai eu qu’un !!!
Un français de 30 ans du nom de Jody, qui parle couramment le Thaï et se présente lui-même comme un dilettante.

Installé en Thaïlande depuis 4 ans, prof d’anglais jusqu’à la date précise de mon arrivée, il s’est fait remercier par son boss et s’est tout de suite reconvertit dans le cinéma !
Rien de moins que ça…. Je l’ai même accompagné sur un tournage avec d’autres couchsurfeurs pour me faire un peu de sous : une bonne grosse journée de figuration pour une prod. Hollywoodienne avec ses stars et tout et tout… pour se faire un cachet de 2200 baths - 44 euros - un petit pactole en Thaïlande, même si ce pays reste à mon avis l’un des plus chers d’Asie du sud.
En plus de ce boulot de figurant, Jody est graffeur et traducteur…
Sans oublier le fait qu’il aspire à devenir à la fois gigolo et maquereau (un peu long à expliquer ici…) tout ça avec les meilleures intentions du monde et une sincérité assez déroutante.
Dis comme ça, je sais, ça parait un peu bizarre ; je crois qu’il faut juste le voir pour le croire… Quoiqu’ il en soit, il est surement la personne la plus surprenante et la plus tolérante que j’ai rencontrée jusqu’ici.

Grace à lui j’ai rencontré Clément et Moo, un petit couple franco-thai, hyper sympa. Moo surtout : adorable petite femme, qui a tenu dès le départ à me faire gouter toutes les spécialités locales, et qui n’a pas hésitée à m’appeler tous les jours pour me rendre compte du programme culinaire qu’elle me préparait…

Je ne ferai pas ici la liste de tous les gens que j’ai croisé chez Jody (il y en a eu beaucoup, jusqu’à 8 personnes à la fois), des voyageurs venus d’Europe, de Chine ou d’ailleurs… des gens aux parcours étonnants avec qui j’ai parfois très bien accroché, comme par exemple avec Estelle et Christophe, ces français venus de Strasbourg à vélo : un an de voyage à travers l’Europe de l’ouest, de l’Est, de l’Asie centrale et du sud Est ; et au final, des tonnes d’anecdotes à partager…

J’ai aussi apprécié ma rencontre avec Bruno, le meilleur ami de Jody qui vit et travaille en Inde par intermittence depuis plusieurs années et qui en tire une expérience totalement différente de la mienne. Du coup ça a été très instructif de discuter avec lui de ce pays que j’aime tant.

Enfin, la surprise du mois : ma tante Noëlle et son mari Laurent sont venu passer 3 semaines en Thaïlande accompagné de leur ami Dédé, de leur fille Margaux et de notre petit cousin Arthur. J’ai passé deux jours avec eux : de vraies vacances !!! Au programme : shopping, piscine (avec cocktail s’il vous plait…), massage et super resto !!! J’ai profité à fond de ces petits moments de détentes tout en m’étonnant moi-même d’éprouver tant de plaisir à prendre une douche chaude dans une belle salle de bain et à m’asseoir sur de vrais toilettes avec chasse d’eau et tout !!! Comme quoi, on ne se rend pas vraiment compte que toutes ces petits choses du quotidien que l’on trouve tout à fait normal constituent un vrai luxe lorsque l’on y a pas accès…

Mes coups durs :

Cette fois, vraiment rien à signaler, si ce n’est les graves problèmes de communications que j’ai pu rencontrer avec les chauffeurs de taxi à mon arrivée à Bangkok (que j’ai déjà évoqué plus haut).

Mon film :

Une fois encore, c’est grâce à mon hôte couchsurfing que j’ai réussit à trouver les filles de mon film. Au début, j’ai pensé pouvoir me débrouiller avec les adresses que m’avait refilé Jean-Luc, « le corse du Tigre Papier », un restaurant de Siam Reap :
des contacts de français installés en Thaïlande depuis longtemps, pour la plupart patrons de bars à putes, et donc bien intégré au milieu de la prostitution, principale image de la Thaïlande à l’étranger.

Accompagnée de Jody, qui je le rappelle, parle couramment le thaï, j’ai arpenté les quartiers chaud de Bangkok : les bars selects, comme l’Eden, dont la spécificité tiens du fait que les clients choisissent deux filles à la fois et que pour la sélection, les filles se placent d’un coté et de l’autre d’une ligne jaune qui indique si elles acceptent, ou non, la sodomie…
Mais aussi des gogos bars où des femmes et jeunes filles en petites (très petites !!) tenues se trémoussent sur des podiums en attendant d’être choisies et sorties du bar. D’ailleurs je dois préciser que j’ai été choquée de me faire mettre une main aux fesses par une nana qui n’avait, en rien, l’air d’une lesbienne, et qui devait penser que nous étions un couple à la recherche d’un extra…



On s’est aussi promené dans les boites de nuit en vogue pour essayer de trouver une fille (et il y en a beaucoup à Bangkok) qui cherche surtout à se trouver des étrangers pour des relations courtes et rémunérées en petits (ou parfois gros..) cadeaux et sorties diverses, plutôt qu’en argent liquide.

Toutes ses recherches n’ont rien donné, malgré quelques rencontres intéressantes : les filles rencontrées ont à chaque fois changé d’avis au dernier moment, me laissant en plan, et les patrons de bars ont refusé de m’aider, préférant protéger leurs arrières, ce qui semble logique puisque le gouvernement thaï tolère la prostitution sans toutefois la légaliser.

Toujours grâce à Jody (mon sauveur, décidemment…) j’ai finalement rencontré Pla, 26 ans, « fille à farang » comme on dit ici, qui vit à Sopahn Buri, dans un bled paumé à 200 kilomètres de Bangkok, et travaille tous les soirs dans un karaoké glauque où elle persiste à refuser les clients thaï, au grand dédain de ses collègues.



Pas de famille, pas d’amis, une vie sans intérêt, rythmée par les plis Western Union de son ami anglais, et grâce auxquelles elle parvient à s’acheter de quoi oublier sa misère : des cachets de yaba (ou méta-amphétamines) qu’elle fume jusqu’à perdre conscience du monde qui l’entoure. Un bien triste portrait, peut-être le plus triste jusqu’ici… Parce que contrairement à toutes les femmes que j’ai pu rencontrer pour ce film, Pla n’a pas la force de s’en sortir. Elle se croit profondément mauvaise et ne pense pas avoir les capacités d’aller à l’encontre de son karma.

Pour contrebalancer tout ça, j’ai aussi tourné un portrait de Nan, une petite nana de 26 ans qui vit à Bangkok et gère un shop internet la semaine et travaille avec sa cousine sur le grand marché de Chattuchak pendant le week-end. En plus de tout ça, elle donne parfois des cours de danse classique thaï (sa formation originale) et maquille des femmes pour des occasions particulières. Une vraie bosseuse donc, hyper attachée aux valeurs traditionnelles thaïes, et tout particulièrement à la famille. Elle a un petit copain avec qui elle ne dort que lorsque sa mère les chaperonne et partage avec ses parents le fruit de son labeur.




Nord Express




Pour profiter à fond de mes derniers jours en Thaïlande et avant de rejoindre la Chine, j’ai choisit de partir faire un petit tour dans le nord (tout petit, petit, seulement 3 jours).

Direction Chiang Mai donc, et couchsurfing chez Chris, un Thaï de tout juste 30 ans, graphiste originaire de Bangkok et désireux de fuir le bruit, le stress et l’individualisme grandissant au sein de la capitale.
Apres avoir marché en ville le premier jour, j’avoue que j’avais drôlement envie d’aller me promener aux alentours.
Chris m’a gentiment proposé de me faire faire un tour en moto.


Evidemment j’ai accepté, et après avoir été rendre visite aux éléphants d’un parc proche de la ville, on a roulé tant et si bien qu’on a finit par arriver à Pai, une toute petite ville à 150 km de Chiang Mai. On y a passé la nuit, dégusté les spécialités locales (et d’autres moins locales, comme le mojito…). Là encore je me suis sentie vraiment en vacances.



Malgré la pluie qui nous a arrosés sur une bonne partie du trajet, filer à moto à travers les rizières et les forêts sur des routes de montagne, c’était tout ce dont j’avais besoin pour clore ce chapitre thaïlandais de mon voyage…


lundi 21 juillet 2008

En passant par le pays Khmer


Cambodge urbain : Phnom Penh


J’ai passé la frontière entre le Laos et le Cambodge le 18 juin. Après un interminable trajet en minibus (en changeant 4 fois de véhicule, à chaque fois pour embarquer dans un bus plus pourri que le précédant…), j’ai fini par arriver à Phnom Penh, la capitale khmer.
Heureusement mon hôte couchsurfing, Marjolaine, m’attendait et j’ai pu profiter dès mon arrivée d’une bonne douche et d’une nuit de sommeil bien méritée…

Le lendemain je suis partie à la découverte de la capitale, une ville typique des pays en voie de développement, bien poussiéreuse, animée dès les premières heures du jour, et dont les artères hyper encombrée regorgent de surprises !!!
La nuit, très peu de rues sont éclairées et des rats gros comme des chats s’approprient les trottoirs jonchés d’ordures. Les gamins des rues sont partout à mendier quelques riels ou tenter de vendre leurs babioles. Les moto-dops (mototaxis), tuk-tuks, et rickshaws (qui sont en fait des cyclos) ne ratent pas une occasion de proposer aux touristes un tour des sites à visiter, mais ils restent très polis et n’insistent pas au-delà d’un « at te, aa kun » qui signifie simplement « non merci ». Peu d’entre eux parlent anglais, ils ne savent pas lire un plan et connaissent mal la ville. Il faut donc la plupart du temps étudier soi-même la carte avant d’embarquer pour pouvoir leur indiquer le trajet au fur et à mesure !
Un exercice assez compliqué au début, mais auquel on se fait rapidement.


J’avoue que j’ai négligé les visites de musées et sites touristiques officiels… Honte sur moi !! J’ai préféré faire le tour des marchés et, moins amusant, des sites non touristiques et non officiels comme le squat de Dey Krahorm et son White building (bien connus des habitants de la ville et ne figurant pourtant sur aucune carte) ou encore la grande décharge de Phnom Penh, sur laquelle vivent des milliers de familles.

Deux endroits ou la misère saute aux yeux et retourne l’estomac.
Sur la décharge en particulier, j’ai été scandalisée de voir des enfants ramasser parmi les ordures de la nourriture pourrie et tenter de l’avaler avant de la recracher tellement son gout devait être insupportable… Et puis le fait de voir les gens (qui vivent de la revente du plastique et du métal ramassé parmi les déchets) s’agglutiner derrières les camions (au risque de se faire écraser) lorsqu’ils déversent les ordures… Je crois que je n’avais jamais rien vu de pire…




A Dey Krahorm, la population (quelques centaines de familles contre des milliers il y a encore quelques années) est menacée d’expulsion (ou en cours d’expulsion pour être exacte), victime de la spéculation immobilière galopante qui ronge la capitale cambodgienne. Les quelques irréductibles qui restent sur le squat vivent dans des conditions déplorables.
Un peu mieux installé, les habitants du White building (bâtiment construit dans les années 80 par le célèbre architecte cambodgien Vann Molyvann et classé patrimoine historique) doivent eux aussi faire face aux menaces d’expulsion (et du coup payer grassement la police pour se prévenir des incendies !!). Ils doivent aussi supporter la prostitution et les trafics en tous genres qui s’opèrent, la nuit tombée, dans et autour du bâtiment. Bref, des conditions de vie pas vraiment idéales…




Mes rencontres :

J’ai passé une semaine en couchsurfing chez Marjolaine, 22 ans, stagiaire à Phnom Penh pour un période de 6 mois ; et sa colocataire polonaise Maya.
Grâce à elles j’ai découvert la vie nocturne de Phnom Penh !
Fête de la musique oblige, j’ai assisté avec les filles à plusieurs concerts de musique khmer et française (dont d’ailleurs un concert mêlant des musiques traditionnelles khmer et bretonnes : étonnant mais plutôt sympa !!).
On s’est fait ensemble des petits restos de rues (encore des nouilles et du riz frit…) mais aussi des restos un peu plus chics (et plus chers !) où enfin j’ai pu gouter à des saveurs nouvelles (à tester absolument si vous en avez l’occasion : l’amok, un vrai régal !!)
J’ai vraiment sympathisé avec elles et Marjolaine prévoit même de m’accompagner en Chine au mois d’aout. On passera une 10aine de jours ensemble dans le Yunnan puis elle repartira vers le Cambodge pendant que je continuerai ma route vers le Tibet et le Xinjiang.

Grace aux filles, je me suis introduite au sein de la communauté expatriée francophone. Beaucoup de nanas : Julie, Caroline, Gaëlle, Maude, Samia… et quelques couples. La plupart sont là pour une courte durée (3 mois à 1 un an) mais font tout de même quelques efforts pour s’intégrer (au minimum en apprenant à parler le khmer). Des gens formidable qui m’ont beaucoup appris et m’on aidé de leur mieux à comprendre la société cambodgienne et surtout à avancer dans mes recherches. C’est d’ailleurs grâce à eux que j’ai pu rencontrer Leakhena, sujet de mon premier portrait cambodgien.

Mes coups durs :

Pendant ces 3 semaines à Phnom Penh, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières : pas de vol, d’arnaque, de chien enragé ou de massage guerrier…

Par contre j’ai pas mal souffert de solitude (alors qu’en réalité j’étais rarement seule…) Ça n’a pas été facile de me réadapter aux conditions du voyage en solo… Ricardo me manque beaucoup et je dois retrouver mes habitudes de vieille fille avant de sombrer dans la déprime !! On ne se revoit pas avant 6 mois, donc je n’ai plus qu’à prendre patience…

Sur un plan beaucoup plus pratique (et beaucoup moins grave), j’ai plus ou moins causé la perte de mes baskets (2eme paire de chaussures en 6 mois…).
Je m’explique :
Apres 3 passages sur la décharge de Phnom Penh, mes baskets ne m’inspirent plus confiance et malgré 2 lavages à grande eau et brossage effréné, je n’ose plus y mettre les pieds. Je me dois de préciser qu’elles n’ont pas seulement parcouru le gigantesque tas d’ordures de long en larges, mais qu’elles en ont carrément exploré les entrailles…
En effet, je me suis par deux fois enfoncé jusqu’aux genoux dans les immondices (déchets industriels et domestiques, nourriture avariée, serviettes hygiéniques, et j’en passe..) et j’ai pataugé dans du jus de décharge (une eau noire résultant des pluies filtrées par les ordures) pendant des heures (ne voulant pas marcher pieds nus sur la décharge).
Cela dis dans mon malheur j’ai eu de la chance : je me suis enfoncé dans les ordures, certes, mais au moins elles n’étaient pas en train de bruler !!! Car sur cette décharge, il arrive parfois que les collecteurs d’ordures s’enfoncent jusqu’à la taille dans des tas de déchets en combustion (qui paraissent pourtant complètement éteins à la surface) et en ressortent brulé au 2 ou 3eme degré…

Mon film :

Si j’ai si souvent fréquenté la décharge, ce n’est évidemment pas par pure plaisir…
C’est que la jeune femme dont j’ai fait le portrait, Leakhena, âgée de 25 ans, à grandit sur cette décharge.

Abandonnée par sa mère alors qu’elle n’avait qu’une dizaine d’années, elle a du s’occuper de ses 3 sœurs et de son frère (âgé de seulement quelques semaines) et subvenir à leurs besoins, jusqu’à ce que, quelques années plus tard, toute la fratrie soit prise en charge par PSE (Pour un Sourire d’Enfant), une OGN française bien connue à Phnom Penh.
Grace à son caractère ambitieux et sa volonté de fer, elle a réussit à se sortir de la misère et vit aujourd’hui une vie confortable. Toujours en charge de ses frères et sœurs (dont l’une est décédée, écrasée par un camion décharge), elle a aujourd’hui un fils de 4 ans dont elle partage la garde avec son ex-mari.


Un portrait éloquent, qui m’a permit de mieux comprendre le sens que prend le terme « famille » dans la société cambodgienne.


Cambodge rural : Kampong Thom



Mon séjour à Kampong Thom, à moins de 200 km de la capitale, a démarré sous de bons auspices. Accueillie par les membres du bureau local de la LICADHO, la ligue cambodgienne pour les droits de l’homme, j’ai tout de suite été mise en contact avec des femmes victimes de viol et de violences conjugales, deux types de violences envers les femmes très fréquents au Cambodge.
Ces femmes et jeunes filles vivant, pour la plupart, dans des villages isolés et n’ayant pas de moyens de communication, j’ai du essuyer quelques échecs (il m’est arrivé de me déplacer avec mon traducteur et de faire plusieurs heures de moto sur des routes poussiéreuses et non entretenues pour finalement à l’arrivé, apprendre que la victime avait déménagée depuis plusieurs semaines ; résultat : une journée de boulot perdue et des frais inutiles).

J’ai profité de ce temps libre pour me balader dans les villages aux alentours de Kampong Thom. La vie ici est bien plus paisible qu’à Phnom Penh. La ville est toute petite et en dehors de la route nationale 6, qui relie Phnom Penh à Siam Riep et traverse le centre ville, la circulation est limitée. En prenant les petites rues qui partent de cette route principale, on se retrouve très vite en pleine campagne.
L’école n’ayant cours que le matin ou l’après-midi, selon les classes, il y a en permanence des gamins en train de jouer le long des chemins de terre rouge.

Partout autour des villages, les rizières s’étalent à perte de vue. C’est un vrai régal pour les yeux… Et comme dans toutes les campagnes que j’ai traversées jusque là en Asie, les gens sont souriants et ne ratent jamais l’occasion d’échanger un « hello » avec les étrangers.


Mes rencontres :

Pas de couchsurfing à Kampong Thom et je reste à l’hôtel Arunras, le principal hôtel de la ville (et le seul bâtiment à posséder un ascenseur !!). La chambre coute 6 USD mais j’ai un bureau pour travailler, un ventilateur en état de marche et une salle de bain particulière… J’y ai atterrit parce que c’est là que logent Emilia et sa collègue Annie.

J’ai rencontré Emilia à Phnom Penh, mais c’est à Kampong Thom que j’ai appris à la connaître. Française, de mère martiniquaise, Emilia a 25 ans. Elle parle couramment français, anglais, allemand et espagnol et travaille pour la coopération allemande.
Elle est venu passer quelques jours à Kampong Thom pour réaliser des interviews de femmes battues et c’est elle qui m’a mit sur la piste de LICADHO. Intelligente, ambitieuse et en même temps très attachée aux valeurs humaines, elle est le type même de personne avec qui j’espère rester en contact.

La LICADHO, Ligue Cambodgienne pour les droits de l’homme, est l’une des organisations les plus actives au Cambodge. Présente sur tous les fronts (droits des femmes, conditions de vie en prison, droit au logement, liberté de la presse, lutte contre la corruption, etc…) elle possède des bureaux à Phnom Penh et en province. Les membres du bureau de Kampong Thom, messieurs Noung Samoeun, Chhoum Run et Ek Sothea m’ont réservé un accueil chaleureux et m’ont plus qu’aidé dans mes recherches. Ils ont pris le temps de m’écouter et m’ont mis en contact avec des victimes de viol et violences conjugales sans perdre de temps. Ils m’ont même accompagné dans les villages (prenant sur leur temps de travail) et m’ont aidé à trouver un traducteur. Sans eux, je n’aurais jamais pu réaliser mes portraits…

Il me reste enfin à vous parler de mon traducteur, Chhit Neath, professeur d’anglais dans une école privée de Kampong Thom. En dehors de son habitude de répéter sans cesse « OK, right » et de couper la parole à son interlocuteur (très embêtant pendant les interviews…), il a été vraiment adorable. Il m’a invité à diner chez lui, très fier de me présenter sa famille, et m’a convié à rencontrer ses élèves… Pendant 2 heures, j’ai fait le tour des salles de classe pour échanger quelques mots avec des jeunes de 14 à 20 ans dont la principale préoccupation était de savoir si j’étais mariée et comment je trouvais les cambodgiens !!!


Mon film :

En dépit du fait que le Cambodge soit une société de type matrimoniale, beaucoup de violences existent à l’encontre des femmes et leur situation n’est pas enviable. Prostitution, trafic, viols et violences en tous genres, jets d’acides… et par-dessus tout ça, la misère ; les khmères n’ont pas la vie facile. Dans les zones rurales en particulier, le manque d’information et la corruption des services de police dissuade les victimes de porter plainte contre leur agresseur. La situation perdure, aux vues et aux sus de tous les chefs de village.

Pour illustrer la condition des femmes au Cambodge rural et dénoncer les discriminations dont elles sont victimes, j’ai choisit, avec l’aide de la LICADHO, de rencontrer Sokunthea, une jeune femme de 24 ans, mariée depuis déjà 8 ans et mère de 3 enfants. Elle vit avec sa grand-mère dans le village de Balang, district de Kampong Thom. Il y a environ un mois, juste après la naissance de sa dernière petite fille (le lendemain de son accouchement pour être exacte !!) son mari, pris d’une crise de rage, lui a ouvert la tête à coup de couteau. Il avait l’habitude de la battre, mais cette fois il avait dépassé les bornes : le chef du village est intervenu. Sokunthea a décidé de porter plainte.
Apres avoir été arrêté par la police puis relâché au bout de 3 jours, le jeune homme (24 ans) est parti avec son fils de 4 ans dans une autre province. Ses parents ont convaincu leur belle fille de retirer sa plainte.


En tournant le portrait de Sokunthea, je me suis rendue compte que les femmes victimes de violences conjugales au Cambodge sont mal informées de leurs droits. Elles ont aussi tendance à accepter la violence comme quelque chose d’inéducable, et donc à la supporter jusqu’au bout. D’autre part, la corruption au sein des organes répressifs est telle que souvent la victime se retrouve sans recours possible.
D’un point de vue plus technique, j’ai eu beaucoup de mal à interviewer Sokunthea. Bien sure, d’une part, parce que le sujet n’est pas facile à aborder, mais aussi parce qu’elle a eu beaucoup de difficultés à répondre aux questions un peu abstraites. Je me suis rendue compte que du fait de son maque d’éducation, elle avait des capacités d’analyse et de réflexion réduites (ce qui bien sure n’a rien à voir avec son degré d’intelligence) et qu’en dehors de tout ce qui concernait les aspects pratiques et matériels de sa vie, elle ne se posait pas de question…

L’autre femme que j’ai rencontrée dans le but de décrire la situation des femmes en zone rurale se prénomme Chakryia. Elle à 18 ans, vit avec sa grand mère, ses parents et ses 5 frères et sœurs dans le village de Thnal Bek, district de Kampong Svay.
Au mois d’avril dernier, alors qu’elle allait faire une course pour un voisin, elle a été agressée et violée par un individu âgé de 25 ans.
Poussée par ses parents et avec le soutien de tout le village, elle à porté plainte. Apres avoir passé 3 semaines en prison, le violeur a été relâché et à fui dans une autre province.
Dynamique, courageuse et ambitieuse, Chakryia a choisit d’aller de l’avant. Elle continue à suivre des cours au lycée dans l’espoir de pouvoir un jour travailler pour une ONG et défendre la cause des victimes de viol.

« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », telle pourrait être sa devise. Ce n’est malheureusement pas celle de la majorité des femmes violées au Cambodge. Il faut d’ailleurs savoir que le viol est un acte courant dans ce pays, semblerait-il depuis la période khmer rouge. Les victimes sont des femmes de tous âges, et souvent mêmes des enfants (80% des cas répertoriés par la LICADHO concernent des fillettes de moins de 14 ans). Elles sont violées par des voisins, des amis, voire même des membres de leurs familles. Pour celles qui n’étaient pas encore mariés, la vie devient difficile. Non seulement elles apportent la honte sur la famille mais en plus elles sont devenues impures et impossible à marier… Le cas de Chakryia nous prouve que les mentalités commencent à changer, autant au niveau des victimes, que de leur entourage. Mais combien de femmes auront eu à supporter les conséquences illégitimes et totalement injustes de leur agression (les parents allant même parfois jusqu’à marier la victime avec son agresseur pour sauver la face !!!) ?


Entre deux : Siam Riep




Apres avoir quitté Kampong Thom, je me suis arrêté quelques jours à Siam Riep, avant de continuer ma route vers la Thaïlande.
J’en ai profité pour prendre des vacances et aller visiter les célèbres temples d’Angkor, l’un des sites touristiques les plus visités au monde.


L’accès au site se monte à 20 USD par jour, une vraie fortune dans cette région du monde, et compte tenu du nombre de visiteurs, les temples sont une vraie manne pour le gouvernement local.

Du coup Siam Reap est une ville développée et agréable. Ses rue sont propres et bien moins grouillantes que celles de Phnom Penh. Les hôtels, bar et restaurants fleurissent dans le quartier touristique du vieux marché.
La population locale semble aussi mieux lotie que dans la capitale ; et même aux alentours, on voit peu de maisons en feuilles tressées, la plupart étant construites en bois ou en ciment.

Mes rencontres :

A Siam Reap, j’ai passé mes soirées dans le bar du copain d’un copain, installé au Cambodge depuis 10 ans, à boire de la bière avec des expatriés et franco-khmers d’un style complètement différent de ceux que j’avais rencontré à Phnom Penh : la plupart étant des bizness men, et non pas des travailleurs sociaux.

Et puis j’ai rencontré Méline, une bretonne de Paris avec qui j’avais plein de points communs (son copain est musicien et son beau-frère rugbyman !!)
Ensemble, on s’est promené jusqu’au village sur pilotis de Kampong Pluk… Une virée jusqu’au Tonlé Sap en tuk-tuk, moto et bateau, le tout sur des routes presque impraticables et des canaux étroits. Enfin le village valait le coup d’œil et le coup de camera !!!