Coup d'oeil sur l'Asie

dimanche 2 novembre 2008

De retour en chine, sur mes propres traces… et celles des autres

Le “welcome back”

On prend les mêmes et on recommence : comme l’hiver dernier, mon blog ne m’était pas accessible durant ces 2 derniers mois. L’œil de Pékin veille toujours et la censure perdure sur le net chinois (comme sur tous les autres réseaux de communication d’ailleurs !!).
Donc c’est depuis le Népal, où je suis arrivée hier, que je rédige ce post.
Cependant pour une meilleure compréhension du lecteur, je vais tout reprendre dans l’ordre chronologique.

Attention !! Ménagez vos mirettes et mettez vos lunettes : 8 semaines de crapahutage en Chine, ça fait pas mal de pages (et en l’occurrence me promet de belles courbatures aux mains..). Alors vous êtes prêts ? C’est parti….

J’ai quitté Bangkok le 19 Aout sur un vol d’Air Asia, direction Shenzhen, dans la région chinoise du Guandong.
Air Asia, c’est la compagnie low cost Thai, bien connue en Asie du Sud Est pour sa fiabilité et ses tarifs défiants toute concurrence (exemple : Bangkok / Shenzhen en aller simple, 36 euros TTC !!). Alors tout ça c’est très bien, j’étais contente de mon organisation… Sauf qu’au moment d’embarquer, j’ai du payer 25 euros de surpoids, une vrai fortune (eh oui… ils n’autorisent que 15kg de bagages en soute et 5 kilos en cabine) et pour couronner le tout, 20 euros de dépassement de séjour autorisé.
Qui a dit que les français pouvaient passer 30 jours en Thaïlande sans avoir besoin de visa ? Tout le monde !! Et bien sachez-le, le séjour sans visa c’est 28 jours !! Au-delà, l’amende est de 10 euros par jour (alors que le visa de 30 jours pour les non européens coute 20 euros !!)

Enfin bref, c’est bel et bien ruinée que je suis arrivée en Chine…
Ah, j’ai faillit oublier, je n’étais pas seule… Marjolaine, une française qui m’avait hébergé à Phnom Penh 2 mois plus tôt, m’avait rejoint à Bangkok dans le but de m’accompagner pendant une 10aine de jours sur les traces des moso.

Nous voilà donc toutes les deux arrivées à Shenzhen au beau milieu de la nuit. On avait réservé une chambre dans une auberge de jeunesse, et on a sombré dans un sommeil profond à peine installées. Le lendemain la course de fond a démarrée : il nous fallait quitter Shenzhen au plus vite pour Kunming, avant de rejoindre Lijiang et enfin le lac Lugu, où je devais impérativement être au plus tard le 23 pour un tournage le 25 aout.
Sachant qu’il y a plusieurs milliers de kilomètres entre notre point de départ et notre destination, on était quand même un peu dans l’urgence…

On a donc pris un vol Shenzhen / Kunming le jour même. Arrivées à Kunming vers 18h, on a enchainé sur un bus de nuit pour Lijiang. On est arrivé tôt le matin et on a repris un bus pour Lugu Hu (7 heures de trajets qui m’on semblées interminables..).
On était à Lige le 21 au soir, sur les rotules, mais avec suffisamment de temps devant nous pour se reposer avant la grande cérémonie annuelle de la communauté moso. Parfait !! Cette fois au moins mon organisation était au point !!

Je dois préciser ici, que si j’ai intitulé ce chapitre le “welcome back”, c’est parce que ces 3 premiers jours en Chine n’ont pas été de tout repos : en plus de la fatigue accumulée du voyage express entre Bangkok et Lugu Hu, on a du faire face, Marjolaine et moi (enfin surtout moi) à quelques désagréments…

Tout d’abord, lorsqu’on a pris le bus pour quitter l’aéroport de Shenzhen, la receveuse et les passagers à qui on avait demandé notre chemin ne s’accordaient pas quant à l’arrêt auquel on devait descendre. On a choisit de faire confiance à la receveuse, et on a eu tord.. Du coup on a du prendre un taxi depuis l’arrêt de bus auquel on est descendues pour rejoindre l’hôtel, et le pauvre chauffeur a mis 2 heures pour trouver l’adresse. J’ai vraiment cru qu’on n’y arriverait jamais. Ce n’était pas bien grave, mais du coup le lendemain on a pris un taxi pour retourner à l’aéroport !!

Arrivées à Kunming, on a encore pris un taxi pour rejoindre la gare routière depuis l’aéroport. En sortant du véhicule, j’ai bousculé (et encore, c’est là un bien grand mot, le terme correcte serait plutôt « frôlé ») par mégarde un type qui voulait passer avec une moto hyper chargée entre le taxi stationné et le trottoir. Le type à basculé avec sa mobylette du fait du poids de sa charge et s’est retrouvé étalé par terre. Il s’est relevé, a ramassé un bout de plastique qui avait sauté de son guidon, m’a montré son bas de pantalon couvert de poussière et a commencé à hurler !! Il m’a agrippé le bras et a décidé de ne plus me lâcher…
Un attroupement a commencé à se former alors que Marjolaine déchargeait le coffre avec le chauffeur du taxi. J’ai pris le petit bout de plastique des mains du type pour le remettre en place (il était juste déboité) mais il l’a sorti de son emplacement, en hurlant encore plus fort et en me montrant du doigt son pantalon poussiéreux.
Autour, tout le monde se marrait, même le chauffeur. Marjolaine n’en menait pas large et je dois dire que moi non plus. Le type me tenait toujours par le bras, m’empêchant de me dégager et par-dessus le marché, me postillonnait dessus.
Au bout de 10 bonnes minutes de ce cinéma, voyant que l’affaire n’allait pas évoluer, j’ai envoyé Marjolaine chercher un flic, ou quelqu’un qui puisse démêler la situation.
Entre temps le chauffeur du taxi se préparait à quitter les lieux. Me voyant ainsi abandonnée au milieu d’une foule inhospitalière (et ce n’est rien de le dire !!) et ne comprenant pas un traitre mot de ce qui se disait autour de moi, il a finalement eu un sursaut d’humanité, peut-être une once de pitié (ce dont je croyais sincèrement les chinois dépourvus..) et il est ressortit de son taxi. Il est venu vers nous (ma sangsue enragée et moi). Il a sortit un billet de 10 yuans de son portefeuille, me faisant comprendre que c’était ma seule issue. J’ai finalement pu acheter ma liberté pour un euro (de quoi payer son pressing à ma soi-disant victime). A la vue du billet, le type a enfin arrêté de hurler contre mes tympans et m’a lâché le bras. La foule avait un petit air déçu. J’ai retrouvé Marjolaine. Fin de l’histoire.

Dans le bus de nuit qui nous a menées de Kunming à Lijiang, là non plus, on n’a pas eu de chance. Notre chauffeur était littéralement fou : pendant toute la nuit, il nous a hurlé dessus, Marjolaine et moi. Voyant qu’on ne comprenait rien de ce qu’il essayait de nous dire, il pensait peut être qu’en le disant plus fort, la communication passerait mieux… C’en était au point qu’à chaque fois qu’il s’arrêtait pour la pause pipi, on avait beau dormir profondément, il ressentait le besoin de venir nous crier dans les oreilles qu’il était arrêté. Sans mentir, la première fois, j’ai cru qu’on avait eu un accident ou un truc du genre… Ça a duré tout le trajet…

Enfin, last but not least de la liste des mauvaises surprises de ces 3 premiers jours au pays du soleil levant, lorsque nous somme arrivées à Lugu Hu, j’ai découvert que mes 2 meilleurs amis dans la région, Naji et A-Shin, n’étaient pas à Lige et ne rentreraient pas avant un bout de temps. Je sais bien que j’étais venu pour bosser, mais le fait de les revoir après 6 mois d’absence faisait partie du plaisir…


Lugu Hu


Un couple de français que j’avais rencontré à Lige l’hiver précédant m’avait dit qu’en voyage, il ne fallait jamais revenir sur ses pas, que c’était toujours décevant.
J’ai commencé par croire qu’ils avaient raison. Heureusement la suite du séjour m’a permit de revenir sur cette idée. C’est vrai qu’en revenant sur un lieu qu’on a déjà connu en voyage, il ne faut pas s’attendre à revivre la même expérience. Même dans un petit village comme celui-ci et à seulement 6 mois de différence, les choses changent.
En une demi-année, Lige s’est transformé : deux fois plus de bâtiments (en grande majorité de nouvelles infrastructures pour accueillir les touristes), des nouvelles têtes (eux aussi arrivés pour accueillir les touristes), une autre ambiance…

En plus, du fait de l’absence de Naji, je n’ai pas osé m’installer chez sa mère. Du coup j’ai passé tout mon séjour dans une auberge de jeunesse. D’abord avec Marjolaine, et puis une semaine plus tard, lorsqu’elle est repartie pour Phnom Penh, toute seule ; ce qui en réalité n’a pas été tout à fait pour me déplaire. Après tout ce temps passé en couchsurfing, j’étais contente de retrouver un peu d’intimité.

Mes rencontres

Du fait de l’absence de Naji et A-Shin, mon emploi du temps s’est trouvé beaucoup moins chargé que lors de mon dernier passage… J’ai pu faire des siestes, regarder des films sur mon ordi, bouquiner et glander tranquillement. J’ai quand même été faire un tour dans les villages alentours : Laoshui, Xiao Laoshui, Yongning et Baiju. C’était calme, rien à voir avec la beuverie continuelle de l’hiver passé, c’était sympa. Je crois que Marjolaine a apprécié ses quelques jours de vacances malgré la météo (pendant son séjour et même après, il a plu presque tous les jours).

Elle a sympathisé avec Erche Lamu, la fille qui m’avait invité à un anniversaire l’hiver précédent (le fameux anniversaire moso, dont vous vous souvenez peut-être du fait de la bagarre qui avait suivi – sinon, reportez-vous au post concernant mon premier séjour en Chine - je précise que depuis, Erche a changé de petit ami !!).

Quant à moi j’ai eu le plaisir de me rendre compte que personne au village ne m’avait oublié… Malheureusement le fait de ne plus avoir d’interprète à considérablement limité les échanges !! Mais du coup je me suis remise, un peu forcée, au mandarin, et j’ai bien plus progressé ces dernières semaines que durant les 3 mois qu’avait duré mon premier séjour !!

J’ai quand même revu Siobhan et son mari Peter, les anthropologues américains que j’avais rencontré à Laoshui 6 mois plus tôt. J’ai passé pas mal de temps avec eux, au programme : barbecue, ballades et interviews (cette fois c’est Siobhan, qui parle couramment chinois, qui m’a servie d’interprète…). Je les ai trouvé bien moins enthousiastes au sujet des moso que lors de notre première rencontre… Probablement que 9 mois passés à partager la vie des populations du lac, dans différents villages, ça fait beaucoup...

Mes coups durs

Rien de particulier à raconter dans cette rubrique, si ce n’est un gros rhume avec forte fièvre qui m’a inquiété plus que de mesure, étant donné qu’il est survenu exactement 2 semaines après mon passage à Pai, dans le nord de la Thaïlande, où je m’étais fait dévoré par les moustiques alors que le palu. sévit sévèrement dans la région et qu’on m’avait justement prévenu que le temps d’incubation de la maladie était d’environ 2 semaines… Bref, des frayeurs inutiles, et des heures passées sur le net à chercher le descriptif des symptômes de la malaria (et leurs conséquences, d’où les grosses frayeurs !!).

Mon film


Concernant mon tournage, j’avoue que j’ai été un peu déçue. Le festival du tour de la montagne, que j’attendais depuis 6 mois s’est révélé être bien moins authentique que ce à quoi je m’attendais. Censé être la réunion annuelle des 40 000 moso du Lac Hugu, cette fête relève bien plus en réalité d’un pic-nic géant que d’une cérémonie religieuse.


Et peut-être que cette année, la pluie a découragé les moins motivés, mais il y avait bien loin de 40 000 personnes présentes. Quelques milliers tout au plus, dont pas mal de touristes !! Enfin bref, c’est toujours bon à prendre pour mon film sur les moso… et puis le bon côté de cette fête, c’est qu’on y a été, Marjolaine et moi, avec la mère de Naji et sa famille. On a ensuite enchainé sur une soirée chez le frère de Naji (qui vit dans la famille de sa compagne, dans un autre village). Une bonne immersion en pays moso !!


Xichang



J’ai quitté le lac un lundi après-midi, après avoir attendue un bus sur le bord du chemin pendant 3 bonnes heures. Contrairement aux fois précédentes, j’ai emprunté la route qui part vers le Sichuan, plutôt que celle qui mène à Lijiang, dans le Yunnan. Une trajectoire beaucoup moins fréquentée (j’ai vite compris pourquoi quand j’ai vu l’état de la chaussée !) et néanmoins très pratique pour rejoindre le nord du pays.
Si les 8 heures de trajet n’ont pas été des plus confortables, je dois admettre que je ne regrette en rien d’avoir choisit cette voie. Car c’est dans ce bus que j’ai pu assister à l’un des évènements les plus surprenants de mon séjour en Chine (voire même de mon existence !).
Apres avoir apprécié à sa juste valeur (pour les autres) le décapsuleur dentaire, que je pense avoir déjà évoqué sur ce blog (technique qui consiste à décapsuler une bouteille de bière avec les dents), je suis fière d’attester que j’ai été témoin (et que je suis toujours en vie) d’un changement de chauffeur dans un bus lancé à pleine vitesse sur une route de montagne. Je n’ai aucune idée de la raison qui a poussé les 2 chauffeurs à se relayer sans prendre le temps de s’arrêter sur le bord de la route… Peut-être le retard accumulé, ou peut-être une occasion de faire monter l’adrénaline des passagers à moitié endormis…
Quoi qu’il en soit je me permets de reprendre tout en corrigeant quelque peu la célèbre réplique du César de René Goscinny : « Ils sont fous ces chinois !! ».

Contre toute attente, je suis arrivée à Xichang, petite ville du Sichuan vers 21h00, avec l’intention de prendre un train pour Chengdu le soir même. J’avais consulté les horaires des trains et c’était parfaitement jouable. Seulement arrivée au guichet, je me suis fait rembarrer par la dame en uniforme. J’ai mis un certain temps à comprendre que ce n’était pas à cause de mon accent (!!!) mais qu’en réalité tous les départs prévus pour la nuit avaient été annulés.
J’ai donc passé une nuit à Xichang. Et aussi toute une journée, vu que le premier train pour Chengdu ne partait pas avant le soir.
Pas vraiment intéressant et plutôt fatiguant de trainer toute la journée en ville avec mes bagages (à 9h00 du matin le responsable de l’hôtel frappait à ma porte pour me faire dégager de la chambre..). Alors je me suis baladée et j’ai pris des photos pendant quelques heures, et puis j’ai lu dans un parc jusqu’à ce que je me fasse tremper par les arroseurs automatiques, et puis j’ai attendu, attendu, attendu…

Mes rencontres

Je suis restée à Xichang à pleine plus de 24h… Et pourtant j’y ai fait des rencontres surprenantes…


En me promenant dans les rues pour faire passer le temps en attendant le départ de mon train, je suis tombée sur le quartier des jeux d’argents. Sur des centaines de mètres, le long du canal, des petites échoppes brinquebalantes, supposées maisons de thé, réunissaient les joueurs (hommes comme femmes, et de tous les âges), autour de parties de majong, de cartes, et bien d’autres jeux dont je n’avais jusque là soupçonné l’existence. Des dizaines d’échoppes, des milliers de joueurs et probablement bien plus de billets passaient de mains en mains dans cette rue.
Il faut savoir que les jeux d’argent et les paris sont interdit en Chine depuis bien longtemps… Et pourtant je n’ai vu nulle part ailleurs un tel attrait des populations, toutes classes sociales confondues, pour les jeux de toutes sortes, à condition qu’on puisse y gagner (et y perdre !!) de l’argent.

Alors que je m’étais posée à l’ombre des hauts murs d’une usine désaffectée pour bouquiner, attendant toujours le départ de ce foutu train, je me suis fait accoster par une bande de gamins touts juste sortis de l’école. Au début ils étaient peu nombreux, peut-être 5 ou 6 et se sont arrêté à une dizaine de mètres pour m’observer, jusqu’à ce que l’un d’eux ait le courage de venir m’accoster par un petit « hello, good morning » timide mais vaillant. Chacun leur tour ils sont ensuite venu me montrer qu’ils connaissaient deux mots d’anglais. Et puis d’autres enfants sont arrivés, et puis d’autres, et encore plus.
Au bout d’un moment, c’est toute l’école qui m’entourait, chacun voulant que je lui adresse la parole et que je note un petit mot en anglais sur son cahier. C’était comme d’être une star de cinéma signant des autographes. Les gamins surexcités se hurlaient dessus et se bousculaient autour de moi, ne me laissant pas une seconde de répit.
J’en ai vite eu ras-le-bol mais mes petits fans ne voulaient plus me lâcher…
J’ai du finalement leur faire croire que je devais aller prendre le train et m’engouffrer dans la gare pour qu’ils se décident à rentrer chez eux. Une fois le terrain libre, je suis ressortie de la gare dans l’intention d’aller manger un bout dans un petit resto aux alentour. Seulement je ne savais pas que certains des gamins que j’avais rencontrés plus tôt trainaient encore dans le coin… Heureusement cette fois ils étaient moins nombreux, et la patronne du resto les a empêcher de m’embêter pendant que je mangeais. Ils ont donc gardé leurs distances, jusqu’à ce que j’aie fini mon assiette !!! Ensuite ils sont revenu avec chacun un petit cadeau à mon intention (un mini carnet, un cahier ou encore un stylo..). J’avoue que j’ai bien regretté de n’avoir rien à leur donner en retour…

Mes coups durs

En plus de l’histoire du départ de train annulé, j’ai rencontré quelques soucis à trouver un hôtel. Non qu’il n’y ait pas eu dans le coin, au contraire… Il y en avait 4 ou 5 !!!
Mais du fait de l’annulation de tous les trains prévus pour la nuit, les passagers pris de cours se sont rués sur les chambres des hôtels alentours. Moi y compris ; seulement tous les hôtels affichaient complet, sauf un… et manque de bol pour moi, dans celui-là, le gérant refusait de prendre des étrangers.
En effet depuis les Jeux Olympiques, les hôteliers ont pour obligation de faire remplir à leurs clients étrangers un formulaire spécial, à déposer au poste de police le plus proche.
Le gérant de cet hôtel ayant probablement la flemme de faire ces démarches (et sachant que de toutes façons son hôtel afficherait complet ce soir là, avec, ou sans moi), refusait tout simplement de me donner une chambre !!!
Je me voyais déjà passer la nuit dans la salle d’attente de la gare lorsque mes sauveurs sont arrivés… Un couple de jeune gens qui parlaient un tout petit peu anglais et qui, comprenant mon dilemme, ont proposé au gérant de l’hôtel de me donner un chambre enregistrée à leur nom (ce qui évitait au monsieur paresseux d’avoir à déclarer ma présence au poste de police). Il a finit pas accepter ; et j’ai pu finir la nuit dans un lit.

Chengdu


Je suis arrivée à Chengdu après une nuit de train (ma première en Chine !!!) plutôt reposante. J’avais réservé une couchette « hard sleeper », très confortable malgré la petite hauteur sous plafond.


A peine arrivée dans la capitale du Sichuan, j’ai été accueillie par un américain du nom de Walter. Il m’a gentiment offert sa chambre d’amis, un bouquin de Dostoïevski (j’étais alors gravement en rade de lecture) et une carte de la ville.

Un bon prétexte pour aller me balader dans cette petite ville de seulement 2 millions d’habitants (quasiment rien à l’échelle chinoise !!!). Et c’est peut-être parce que je logeais à 2 pas de l’université, mais j’ai beaucoup apprécié l’ambiance détendue de la ville, et le dynamisme de ses habitants.
J’ai eu l’impression de traverser une citée à la fois moderne et authentique. Apparemment je ne suis pas la seule à l’avoir appréciée puisque Chengdu a été récemment classée 4ème ville chinoise la plus agréable à vivre par le China Daily.

J’ai profité de la petite semaine que j’y ai passé pour aller rencontrer les derniers pandas géants (espèce endémique et en voie de disparition) de la planète.


Mes rencontres

Alors tout d’abord, j’ai rencontré Walter.
Gentil, serviable et discret. Evidemment (comme les ¾ des étrangers expatriés en Chine) il est prof d’anglais. Mais son originalité réside dans le fait qu’il s’est beaucoup investit dans l’action humanitaire, en particulier après le tremblement de terre du 12 mai 2008 qui a fait 70 000 morts et près de 400 000 blessés, sans parler du nombre de sinistrés…
Tous les week-ends depuis le mois de juillet, il part avec d’autres volontaires à Beichuan (l’épicentre du séisme, où tout a été systématiquement détruit) et aide à déblayer, nettoyer, reconstruire… Et le plus étonnant dans tout ça, c’est qu’il est obligé de se faire passer pour un chinois (heureusement il est à moitié japonais et parle parfaitement le mandarin) puisque les étrangers ne sont pas autorisés sur cette zone sinistrée ou parait-il, des ogives nucléaires fabriquées dans des laboratoires atomiques secrets sont encore ensevelies sous les décombres…

Quoi qu’il en soit, j’ai bien accroché avec Walter qui m’a fait suffisamment confiance pour me laisser son appart pendant 3 jours alors qu’il était à Beichuan, mais aussi pour me présenter ses amis…

Parmi eux, celle avec qui je me suis vraiment bien entendue : Xiaoyu !!
Une fille hors du commun, issue d’une vieille famille de Chengdu, étudiante en dernière année de droit et propriétaire d’une boutique de fringues à la mode.
Un niveau de vie largement au dessus de la moyenne, des amis à la fois chinois et étrangers, une bonne culture cinématographique et musicale, une pêche d’enfer et une grande ouverture d’esprit : bref, une nana bien cool !!!


Avec elle j’ai découvert la ville de nuit.
Plusieurs fois nous avons fait ensemble la tournée des grands ducs, passant d’un bar à un autre pour finir dans des boites de nuit électro plus déjantées les unes que les autres…
J’ai d’ailleurs trouvé la vie nocturne de Chengdu plus grouillante et diversifiée que celle des grandes villes chinoises…

Lors d’une de ces folles soirées, j’ai sympathisé avec Harry, un ami de Walter.
22 ans, né à Chengdu et n’ayant pratiquement jamais quitté le Sichuan, Harry m’a beaucoup étonné, d’abord par la qualité de son anglais : Un accent irréprochable, un vocabulaire largement supérieur au mien, une connaissance du système politique et de l’actualité américaine bien au-delà du commun des mortel (et je crois même, au-delà du commun des américains…) et tout ça sans avoir fait d’études supérieures !!
J’ai appris plus tard qu’Harry était fan des shows politiques télévisés américains que Walter lui refilait en masse après les avoir téléchargé… Mais tout de même !!!

Et puis à Chengdu j’ai rencontré encore beaucoup d’autres personnes sympas ; des expat. néerlandais, irlandais, australiens et des couchsurfeurs des 4 coins du monde :
- Robbie, le canadien écolo
- Marco, le designer portugais qui m’a proposé une collaboration
- Nick, le journaliste anglais qui venait tout juste d’écrire un article sur les lesbiennes en Inde et qui m’a filé plein de contacts
- Lisa, l’islandaise dont je ne connais pas la profession mais qui était bien embêtée par la banqueroute de sa banque !!!

Mes coups durs

J’ai vraiment passé de bons moments à Chengdu si ce n’est ce qui concerne mes différentes tentatives de renouvellement de visa...
N’ayant obtenu qu’une autorisation de 30 jours à Bangkok, je me suis d’abord adressée au PSB (Public Security Bureau) de Chengdu, qui me demandait, en dehors des formalités habituelles, la preuve que je disposait de 3000 dollars sur mon compte en banque et un formulaire signé par le poste de police, stipulant que j’étais hébergée chez un résidant chinois.
Walter m’a donné un coup de main en usurpant l’identité de son propriétaire pour remplir le formulaire et je ne compte pas le nombre d’aller-retour que j’ai du effectuer entre son appartement et le poste de police du quartier.

Finalement, les délais de délivrance du visa étant de 5 jours ouvrables (une semaine en fait !!) j’ai décidé sur les conseils de mon hôte d’aller faire une demande à Leshan, à 3 heures de route de Chengdu. Seulement lorsque je suis arrivée au PSB de là bas, l’officier en charge m’a gentiment mais fermement éconduite, sous prétexte qu’il me restait encore 10 jours de validité sur mon premier visa (alors qu’à Chengdu ça ne posait pas de problème)…

Du coup j’ai décidée de laisser tomber, de rentrer à Chengdu et de retenter ma chance lors de mon séjour à Xining.


Xining


Capitale du Qinghai, Xining est selon moi une ville d’intérêt moyen. Je ne m’y suis arrêtée que pour faire renouveler mon visa, ce qu’heureusement, cette fois, je suis parvenue à faire, et ce, en seulement 2 jours…
Le principal (si ce n’est le seul..) attrait de Xining réside en fait dans la composition de sa population : environ 37 groupes ethniques se mêlent ici, dont une majorité (évidemment !) des Han, mais aussi des Hui (musulmans) et de tibétains (bouddhistes).
Et se balader d’un quartier à un autre de la ville donne l’impression de voyager au-delà des frontières chinoises (d’une rue à l’autre, les phénotypes et les langages sont différents, comme les vêtements portés par les gens, et les spécialités culinaires mises en avant sur les marchés).

J’ai profité de l’attente de mon visa pour sortir de la ville et aller visiter le monastère bouddhiste de Ta’er Si, édifié en 1560 sur le site de naissance de Tsongkhapa, le fondateur de la secte des bonnets jaunes (immensément majoritaire actuellement parmi les différents courants bouddhistes tibétains et dont est issu l’actuel Dalaï-lama).
Le site est impressionnant par sa taille et son organisation mais j’ai trouvé les moines bien moins sympathiques que ceux que j’avais pu fréquenter à Dharamsala (ville du nord de l’Inde, dans l’Himachal Pradesh, où sont réfugiés le gouvernement tibétain en exil ainsi que le 14ème Dalaï-lama et quelques 10aines de milliers de tibétains).


De retour à Xining j’ai aussi visité la mosquée de Dongguan, l’une des plus grandes du nord de la Chine.

Xinjiang

J’ai quitté Xining en bus pour Lanzhou, où j’ai embarqué dans un train direction Urumqi, dans la région du Xinjiang. Vingt-et-une heures de trajet le long de la route de la soie à travers le désert du Taklamakan….



L’occasion d’admirer des paysages fabuleux, vraiment surprenants par leur diversité !!!



Je pense qu’il est temps pour moi de faire une petite parenthèse au récit pour vous introduire le Xinjiang, cette région que je rêvais tant de découvrir depuis que j’en avais aperçu des photos lors de mon premier séjour en Chine…

Allez c’est parti ; petite leçon de culture G :

Situé dans le nord-ouest de la Chine, le Xinjiang (aussi appelé Turkestan chinois) s'étend sur 1,66 million de km² (1/6ème de la superficie totale du pays !). Doté d’une frontière de 5 600 km, le Xinjiang côtoie la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Pakistan, la Mongolie, l'Inde et l'Afghanistan.
Sur le plan historique, le Xinjiang était une étape importante de la célèbre « route de la soie » (IIème siècle av JC jusqu’au XVème siècle) : ce réseau de routes commerciales entre l'Orient à l'Occident, allant de Chang'an (actuelle Xi'an) en Chine, jusqu’à Antioche, en Syrie médiévale ; et qui doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication.

Les convois de caravanes partaient de Xi'an, Lanzhou ou Xining et empruntaient le corridor du Gansu puis contournaient par le nord ou le sud le désert du Taklamakan, l'un des plus arides du monde.
À partir de Kachgar et Yarkand, les pistes rejoignaient la Perse ou l'Inde à travers les hautes montagnes de l'Asie centrale (Pamir, Hindū-Kūsh et Karakoram), puis par la Sogdiane (Samarcande, Boukhara, Merv), la Bactriane (Balkh) ou le Cachemire (Srinagar). En fait, très rares étaient ceux qui parcoururent l'intégralité du trajet ; mais Marco Polo, son père et son oncle furent de ceux-ci….


L’histoire a donc fait de cette région un véritable carrefour économique et commercial, mais aussi culturel ; et aujourd’hui, du point de vue démographique, outre les Han, le Xinjiang compte officiellement une vingtaine de groupes ethniques différents.

La région arrive donc en deuxième position, juste derrière le Yunnan en termes de nationalités reconnues par l’Etat chinois. Cependant, certains de ces groupes sont numériquement très faibles, et représentent à peine quelques dizaines de milliers voire quelques milliers de personnes comme les Tadjiks, les Xibes, les Mandchous, les Ouzbeks, les Russes, les Daurs ou les Tatars.

Les populations " allogènes " principales du Xinjiang sont en fait les Ouïgours - qui représentaient en 1990 environ 47,50% de la population totale de la région autonome et se trouvent localisés principalement dans le bassin du Tarim et dans la région de Kuldja - et les Kazakhs (7,30% de la population en 1990), groupés dans les vallées de l’Altaï et de l’Ili en Djoungarie.

Ainsi la langue largement parlée dans le Xinjiang est très proche du turque. Il est d’ailleurs assez surprenant de constater que beaucoup de gens, surtout parmi les personnes âgées ne parlent pas le mandarin…

Enfin bon, revenons à nos moutons…



Je suis arrivée à Urumqi un après-midi du mois septembre et j’ai filé vers une auberge de jeunesse où j’ai pu me poser et me reposer en attendant de retrouver ma copine Naji (celle qui m’avait aidée à traduire mes interviews moso au lac Hugu 6 mois auparavant et qui entre-temps a quitté le Yunnan et s’est installée à Urumqi).
Le lendemain, je reprenais donc mes bagages pour m’installer dans l’appartement qu’elle partageait déjà avec sa colocataire.
Alors que je prévoyais de ne passer que 2 ou 3 jours à Urumqi, je me suis laisser convaincre par Naji de profiter de mes vacances pour découvrir la ville avec elle.
Depuis 3 mois qu’elle y vivait, elle n’avait pas eu vraiment le temps de trainer et de visiter. Pendant une semaine, on a donc fait les touristes…
On s’est fait beaucoup de très bons restaurants, on s’est baladé le long des marchés, on a fait le tour des parcs et des cafés ; on est même parti visiter le lac Tian Chi, à une centaine de kilomètres de là…


L’endroit s’est révélé hyper touristique et pas vraiment impressionnant (surtout pour nous qui connaissions le Lugu Hu, de loin plus surprenant par la beauté de ses eaux, comme de ses rives). Cela-dit, on est tombé sur des couples de jeunes mariés qui venaient se faire prendre en photo devant le lac, à tour de rôle, accompagnés de photographes, maquilleurs et tout le tralala, les femmes portant des basquets pour marcher sur les rochers et des robes de mariées hyper décolletées alors qu’il faisait dans les 10 degrés… J’avoue qu’on a bien rigolé !!




A Urumqi, on s’est fait des journées « beauté-santé », Naji y tenait beaucoup !
C’est que je devais avoir un air pas terrible en arrivant…
On a passé une journée entière à se faire désencrasser, masser, et pomponner dans une sorte de spa géant dont le programme consistait tout d’abord à prendre une douche dans une salle commune où l’on se faisait aussi gommer le corps et masser (des 10aines de femmes à poil trimbalaient leurs carcasses de gauche à droite dans cette immense pièce décorée de fontaines, de bassins et de jets d’eau, c’était assez surréaliste je dois dire…)
Ensuite on s’habillait d’un pyjama rose et de pantoufles pour aller déjeuner autour d’un grand buffet (auquel tout le monde était en pyjama) avant d’aller faire de l’internet, des jeux vidéo, d’aller regarder un film, faire un billard ou une sieste sur un canapé, toujours en pyjama !! J’ai trouvé le concept très chinois…



Au bout d’une semaine, j’ai abandonné Naji pour repartir à la découverte du Xinjiang.
J’ai pris un bus en direction du sud jusqu`à Khotan, une petite ville-oasis perdue au milieu du désert, et peuplée par plus de Ouïgours que de Han…
Un vrai dépaysement !!



Je me suis régalée de spécialités culinaires Ouïgoures (yaourts frais, galettes au sésame ou à l’oignon, petits pains divers et variés, brochettes d’agneau, salades de pates froides, etc, etc…) le paradis !!!!!




J’ai continué à faire la touriste en visitant une fabrique artisanale de soie de l’atlas (très réputée apparemment..) et surtout en allant me perdre le long de la rivière de Jade de Khotan, qui n’est alimentée que par la fonte des neiges au début de l’été et reste complètement sèche en hiver. Bien connue en Chine pour la richesse de son lit, elle attire les chercheurs de jade de toute la région et se révèle un vrai trésor photographique !!!


De Khotan je suis remonté vers Kashgar, à l'ouest du désert du Taklamakan et au pied des montagnes du Tian Shan.
Dernier rempart chinois avant le Pakistan et le Kirghizistan, Kashgar (en comparaison d’Urumqi) a su garder une identité ouïgoure fortement marquée ; cependant le gouvernement chinois modernise actuellement la ville et la cité ouïgoure est systématiquement détruite et remplacée par une architecture moderne. C’est bien dommage…



Kashgar est réputée dans la région pour son marché du dimanche, qui est connu pour être le plus gros marché d'Asie centrale, et où sont sensé se presser des commerçants de tous les pays alentours (Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan, Afghanistan, Pakistan et Inde).


J’ai donc été un peu déçue de constater qu’en réalité, ce marché, bien qu’assez imposant, n’attirait en fait que les habitants du Xinjiang, et n’arrivait pas à la cheville du marché de Bac Ha, dans le nord du Vietnam.

Le lundi qui a suivi le marché, je suis partie pour Korla, une ville industrielle, où je ne me suis arrêté que parce que mon guide (« emprunté » dans la bibliothèque d’une guest house de Siam Riep), datant de 2004, affirmait qu’il n’y avait pas de gare ferroviaire à Turpan (où je voulais me rendre). En réalité, depuis la parution du bouquin, une gare avait bel et bien été construite…
Quoi qu’il en soit, je n’ai rien trouvé à Korla qui vaille la peine de s’y arrêter (si ce n’est l’hôtel dans lequel j’ai passé 2 nuits, mais ça je vous en parlerai plus bas).

Donc finalement, après 2 jours de glandouille, j’ai repris le train pour Turpan, à 150 km d’Urumqi. J’y ai rencontré deux filles que le destin tenait absolument à placer sur ma route (là aussi c’est pour plus tard). On a pris une chambre d’hôtel à 3 pour économiser nos sous et visité ensemble la ville abandonnée de Jiaohe, construite pour être la capitale du royaume de Cheshi en 108 av JC, et abandonnée 13 siècles plus tard lors de l’invasion moghole menée par Genghis Khan.
En bref, une citée en ruine, bâtie à même le sable et en plein désert.


Et puis je suis repartie pour Urumqi, où Naji m’attendait avec impatience…
Ayant épuisé son quota de congés, elle n’a, cette fois, pas pu passer beaucoup de temps avec moi. Donc je ne me suis pas éternisée. Et puis mon visa arrivait à son terme et j’avais encore beaucoup de route à faire avant pouvoir quitter la chine.

Sur le chemin du retour (jusque dans le Yunnan où je devais récupérer ma caméra et mes bagages), je me suis arrêtée à Dunhuang histoire d’aller escalader quelques dunes de sable.


Et puis j’ai filé en catastrophe vers Xining pour des histoires de visa...

Je me suis ensuite posée quelques jours à Chengdu pour profiter du nouvel appartement de Xiaoyu (dans un quartier branché et très animé). Puis retour au Lugu Hu en passant par Xichang. A-Shin n’était toujours pas rentré, je ne me suis pas attardée. Trois jours après mon arrivée, je reprenais un bus pour Lijiang, directement suivit d’un bus de nuit pour Kunming, d’où j’ai finalement quitté la Chine par avion.

Mes rencontres

Je sais, vous en avez déjà en tendu parler, mais comment ne pas évoquer à nouveau ma copine Naji, cette jeune moso tellement sympa que j’en suis arrivée à la considérer comme une petite sœur. Elle a été tellement généreuse avec moi que je n’espère qu’une chose, c’est qu’elle puisse un jour venir passer quelques temps en France pour que je puisse à mon tour l’accueillir chez moi et lui faire découvrir Paris. Je sais d’ors et déjà qu’elle adorerait la ville !!!

A Urumqi, elle m’a souvent confié à ses amis pendant qu’elle travaillait. Tous se sont adorablement comportés envers moi malgré le fait que la communication entre nous était franchement limitée…


Et puis je les ai évoqué un peu plus haut : Kong Hua et sa copine, deux filles du Hubei en vacances dans le Xinjiang, que j’ai rencontré dans le train entre Korla et Turpan, avec qui j’ai passé 2 jours à faire du tourisme, que j’ai quitté en partant pour Urumqi, et que par hasard, j’ai retrouvé dans le train entre Urumqi et Donhuang !!


C’était sympa de voyager avec des chinoises (et très pratique pour commander les meilleurs plats au restaurant !!) et d’en apprendre un peu plus sur leur mode de vie.
Bon ; elles aussi, parlaient un anglais assez limité, mais avec le peu de vocabulaire chinois que j’ai fini par emmagasiner, on s’en est très bien sorties !!



Mes coups durs

Tout d’abord, une anecdote qui avec le recul, me parait assez marrante :
Dans le train entre Lanzhou et Urumqi, j’ai rencontré une femme d’une 50 aine d’année qui voyageait avec ses collègues de travail. Après 5 minutes de banalités, elle me propose de venir diner avec elle le lendemain. Surprise de rencontrer chez cette dame un tel intérêt (c’est tellement rare en Chine de se faire inviter chez quelqu’un de cette façon..), j’accepte son invitation.
Le lendemain elle me téléphone pour confirmation et propose que Naji et moi la rejoignions à son bureau pour que l’on aille ensuite prendre l’apéro chez elle et diner.
Vers 18h on arrive au rendez-vous et là, plutôt que de récupérer ses affaires pour sortir, elle nous installe dans un petit bureau et commence à nous déballer ses produits : des serviettes hygiéniques et des teintures pour les cheveux.
Elle utilise Naji comme traductrice pour me faire toute une démonstration (comme dans la pub Always) à grand renfort d’expériences ennuyeuses à mourir (du style : je verse de l’eau sur les serviettes hygiénique, la serviette X se déchire en mille morceau tandis que la serviette Y reste pratiquement sèche, etc…) Au bout d’une heure on commence à s’impatienter et là elle explique clairement à Naji qu’elle attend de moi que je lui achète son stock pour le revendre à Paris. N’importe quoi !!!
On a réussit a se tirer de là en prétextant un rendez-vous inattendu et super important.
Elle a quand même tenu à passer le voir à mon hôtel le lendemain. J’ai dis oui, sachant qu’entre-temps j’aurais déménagée chez Naji !!
Bon ok, j’avoue que c’est un petit coup dur, mais quand même, j’étais bien vexée de m’être fait avoir.

Un peu plus embêtant : pendant ces 5 semaines de pérégrinations dans le Xinjiang j’ai pas mal souffert de solitude…
N’ayant pu trouver d’hôtes couchsurfing dans la région j’ai logé dans des hôtels pas chers et donc assez pourri (sauf pendant le temps que j’ai passé chez Naji). Personne ne parlant anglais, j’ai passé mes journées à déambuler comme une âme en peine (enfin surtout les derniers jours) et j’ai commencé à déprimer.

Ainsi, lorsque je suis arrivée à Korla en pleine nuit et que je me suis fait refuser l’entrée de 3 hôtels consécutifs (la province du Xinjiang revendiquant son indépendance par rapport au gouvernement central chinois, les règles concernant les étrangers sont beaucoup plus strictes que dans le reste de la Chine et seuls quelques hôtels sont autorisés à recevoir les étrangers), j’ai commencé à péter les plombs. Il était 3 heures du matin, je venais de me taper 10 heures de trajet et j’étais crevée. Un taxi m’a finalement amené dans un hôtel tout récemment ouvert et qui acceptait les étrangers. Seulement la chambre était à 200 RMB la nuit (4 fois le prix de ce que je m’autorisais habituellement à payer pour une chambre d’hôtel). Epuisée et dégoutée, j’ai décidée d’y passer une nuit et de reprendre le train au plus tôt le lendemain. Seulement lorsque j’ai vu la chambre, le lit king size, la salle de bain rutilante, le câble ADSL qui trainait sur le bureau… J’ai réalisé que ce serait dommage de ne passer qu’une demi-nuit au paradis !!! Et comme en plus il se trouvait que je fêtais ce jour là la mi-parcours de mon voyage, j’ai décidé de fermer les yeux sur le trou dans mon budget et de rester une nuit de plus.



J’en ai profité pour faire une grasse matinée, prendre 3 douches chaudes par jour, faire de l’internet à gogo et franchement, croyez moi ou pas, ça m’a remonté le moral comme jamais je n’aurais cru que ça le ferait !!! Comme quoi, un peu de confort matériel peut combler le manque relationnel et affectif dont souffre une personne seule !!!!

Enfin dernier coup dur, et non le moindre (parce qu’il m’aura couté assez cher) ; je comptais poursuivre ma route depuis la Chine vers le Népal en passant par le Tibet, mais depuis les manifestations qui ont précédé les J.O, de nouvelles régulations restreignent la présence des étrangers dans la région (« pour leur sécurité », dixit le gouvernement).
Désormais, et pour encore probablement au moins une année, l’accès au Tibet ne se fait qu’à condition d’avoir acheté un permis d’une valeur de 200 euros, et d’être accompagné d’un guide dont les honoraires s’élèvent à environ à 400 euros.
Une somme bien au-delà de mes moyens et qui m’aura contrainte à prendre un avion depuis Kunming pour Bangkok, puis de là, à embarquer sur un autre vol pour Katmandu (plus économique - 360 euros tout de même!! - que de voler depuis la Chine vers le Népal !!).



Je dois dire que finalement j’étais assez contente de quitter la Chine.
Après y avoir passé 5 mois au total (sur 2 séjours), j’en arrive à la conclusion que ce pays n’est définitivement pas le plus facile à traverser pour un voyageur.

Bien sure, les paysages ont magnifiques et les gens (surtout ceux issus des minorités) peuvent êtres gentils, mais dans l’ensemble, ils ne sont ni particulièrement accueillants, ni particulièrement sympathiques.
Rares sont ceux qui sont prêts à faire l’effort de parler une autre langue que la leur, voire même d’essayer de vous comprendre quand vous tentez de parler chinois.
Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis fait bousculer ou hurler dans les oreilles (je crois que parfois les fonctionnaires et agents du service publique – les pires de tous les chinois – devaient croire que s’ils parlaient plus fort, je les comprendrais mieux…) ce qui n’est pas franchement pour me plaire et auquel je ne m’habituerai jamais !!

En plus, faire du tourisme Chine revient vite très cher, puisque tout les sites touristiques (artificiels comme naturels) ont un accès payant et que les tarifs appliqués sont exorbitants comparés au cout de la vie en Chine (12 euros pour avoir le droit de marcher sur les dunes de Mingsha à Dunhuang !!). Pour le voyageur à petits budget, c’est tout simplement impossible à gérer, de même que pour le chinois moyen. Du coup, seuls les plus fortunés peuvent se payer le luxe de découvrir les trésors naturels et historiques du pays.

Enfin, on parle de la Chine comme d’une grande puissance communiste mais je ne crois pas avoir déjà traversé un pays dont le système soit autant antisocial.
Les conditions de travails des salariés chinois sont terribles et leurs droits tout simplement niés. Sans aller jusqu’aux extrêmes que sont les travailleurs migrants sur qui repose en grande partie la croissance de la Chine, il me suffit pour me justifier de prendre l’exemple de Naji :
A Urumqi, elle occupe un poste de barmaid à l’hôtel Kempinski (un groupe allemand très bien implanté en Chine). Elle travaille de 19h à 5h du matin, touche 100 RMB par jour - 10 euros – et n’à droit qu’à 5 jours de repos par mois (non rémunérés).
Si elle arrive en retard au travail, son employeur lui retire 100 RMB de son salaire (200 RMB au-delà de 20 minutes de retard) ; si elle ne vient pas travailler (à moins d’être hospitalisée) le premier jour lui coute 200 RMB, le second 300 RMB, le troisième 400 RMB et au-delà elle est renvoyée.
Pourtant, elle considère ce boulot comme une véritable aubaine puisqu’il lui permet de gagner 2500 RMB par mois, soit un salaire bien supérieur au salaire moyen des ouvriers et employés dans le Xinjiang qui s’élevait en 2001 à 10 278 RMB annuels !!
Heureusement que la Chine est un pays communiste !!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Emilie, merci pour ce voyage en ce lundi matin. C'est super de te lire et de vivre quelques minutesce periple en Chine avec toi ! Bon courage pour la suite...et peut etre a bientot?